Violences contre les migrants en Tunisie : 145 Ivoiriens regagnent leur pays cet après-midi


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Des migrants en Tunisie
Des migrants en Tunisie

La Côte d’Ivoire rapatrie ses premiers ressortissants de Tunisie. Un avion de la compagnie Air Côte d’Ivoire assure le voyage de 145 candidats au retour, ce samedi.

145 ressortissants ivoiriens quittent la Tunisie pour un retour au bercail, ce samedi. En effet, le gouvernement a mis à la disposition de ses ressortissants un avion de Air Côte d’Ivoire. Il assure le rapatriement d’une première vague de migrants ayant exprimé le désir de retourner dans leur pays. Le départ du vol, qui serait sans doute le premier d’une série, est prévu pour 6h GMT, ce samedi. Ils sont au total 1 100 personnes inscrites pour le départ.

Des mesures d’accompagnement des citoyens rapatriés

Sur place, en Côte d’Ivoire, le gouvernement a pris des mesures concrètes pour assurer un retour paisible de ces citoyens. Dans un premier temps, ils bénéficieront d’une prise en charge médicale et psychologique sur un site réservé à cet effet à l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) de Marcory. Ensuite, ils toucheront la somme de 160 000 F CFA. En attendant l’arrivée d’une aide plus conséquente annoncée par les autorités. Par ailleurs, un programme de réinsertion socio-professionnelle de tous ceux qui seront rapatriés est mis en place. La bagatelle de 1 milliard de francs CFA est prévue pour assurer un retour paisible au bercail pour ces ex-migrants.

La Côte d’Ivoire : un exemple à suivre

Dans un contexte où la vie du migrant subsaharien ne vaut rien aux yeux des autorités et de la population tunisiennes, en dépit des nombreuses protestations y compris d’organisations de la société civile tunisienne, l’exemple donné par la Côte d’Ivoire ne devrait pas tarder à faire des émules dans les autres pays africains dont les ressortissants vivent l’enfer sur cette terre tunisienne devenue subitement si inhospitalière, depuis que le premier responsable du pays à, lui-même, décidé d’envenimer la situation en tenant des propos très durs à l’égard des migrants subsahariens.

La condition de vie de ces migrants déjà  précaire dans la plupart des cas, s’est totalement détériorée. Agressés à tout bout de champ, non seulement par les policiers, mais également par les civils, ces Africains noirs sont obligés de se terrer dans leur domicile.

« En Tunisie, pour les migrants que nous sommes, il est difficile d’avoir la carte de séjour. Donc, le migrant travailleur n’a pas de droit en Tunisie parce qu’il n’est pas reconnu par l’État. Du coup, nous sommes face à un système d’abus de pouvoir, parce que, pour celui qui n’a pas de papiers, il y a des agressions et tu ne peux pas aller au poste de police. Nous avons 300 personnes qui sont présentement sans abri. Je peux dire que la Tunisie est devenue pour nous les Subsahariens une prison à ciel ouvert », témoigne Ange Séri Soka, le président de l’Union des Ivoiriens en Tunisie.

Malgré tout, certains migrants subsahariens espèrent toujours un retour au calme pour continuer à vivre en Tunisie.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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