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Dans la capitale sud-africaine, la révélation de vidéos de torture au sein d’une boîte de nuit prisée secoue tout un pays. Une affaire qui révèle les dérives d’un système de sécurité privée hors de contrôle et l’impunité qui règne dans certains établissements de nuit de Prétoria.
C’était censé être une soirée de fête. En janvier 2022, cinq jeunes diplômés franchissent les portes du Zanzou Nightclub de Pretoria, le cœur léger, pour célébrer leur réussite. Ils ne se doutent pas qu’ils s’apprêtent à vivre un cauchemar qui hantera longtemps les nuits de la capitale sud-africaine.
Les images qui ont récemment émergé glacent le sang. Des hommes nus, terrorisés, violés, subissent des tortures dignes des heures les plus sombres de l’histoire. Dans la pénombre d’une réserve transformée en chambre de torture, les agents de sécurité se livrent à des actes d’une cruauté inouïe sur leurs victimes ligotées.
Une culture de la violence institutionnalisée
« C’était systématique », témoigne Pablo, ancien agent de sécurité devenu lanceur d’alerte. Celui qui affirme avoir secrètement documenté ces exactions promet l’existence de dizaines d’autres vidéos. Une révélation qui pose question : pendant combien de temps l’établissement a-t-il abrité ces pratiques barbares ?
La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre. Brigadier Athlenda Mathe, porte-parole de la police nationale, annonce une enquête tous azimuts. Les chefs d’accusation s’accumulent : viol, enlèvement, coups et blessures graves. À ce jour, trois victimes ont trouvé le courage de porter plainte, tandis que huit suspects sont activement recherchés.
La municipalité de Tshwane est submergée par l’afflux de preuves. Son responsable de la santé, Tshegofatso Mashebla, évoque déjà 45 vidéos attestant d’actes de torture. Un chiffre qui pourrait encore grimper, alors que la Commission sud-africaine des droits de l’homme s’empare du dossier.
Combien d’autres Zanzou
Face au scandale, la direction du Zanzou tente maladroitement de se dédouaner, pointant du doigt son ancienne société de sécurité. Une défense qui peine à convaincre, alors que les partenaires commerciaux fuient en masse.
Au-delà du Zanzou, c’est tout un système qui est remis en question : celui d’une sécurité privée qui se croit au-dessus des lois, d’établissements qui ferment les yeux sur des pratiques criminelles. À Pretoria, derrière les façades clinquantes des boîtes de nuit, une question résonne : combien d’autres Zanzou ?