Deuxième étape : la République Démocratique du Congo. La hausse des prix est aujourd’hui une question qui préoccupe le monde entier. De plus en plus, les tensions augmentent dans les pays pauvres du globe, dont ceux d’Afrique, où plusieurs émeutes ont éclaté ces derniers mois. Afrik.com publie cette semaine une série d’articles dans lesquels les Africains témoignent des difficultés du quotidien et de leurs attentes.
Notre correspondant à Kinshasa
A Kinshasa, la grogne sociale est perceptible. Elle est caractérisée par des revendications sociales de plus en plus nombreuses : des arrêts de travail débouchant sur des grèves qui paralysent plusieurs secteurs de la vie nationale, en particulier l’enseignement et la santé. D’ailleurs, les médecins de Goma ont dû reprendre le travail, arrêtant momentanément leur grève, à la suite du crash d’un avion le 15 avril dernier.
Même si jusqu’à présent, la grogne ne concerne que le secteur public, il n’est pas exclu que la situation affecte le secteur privé, déjà touché par des perturbations émaillées du non respect des dispositions légales en matière de législation sociale. Il s’agit précisément de l’application du SMIG tel que décidé par l’Etat après concertation avec d’autres partenaires sociaux : employeurs et syndicats.
«Plusieurs familles de Kinshasa ont du mal à manger au quotidien. Nombre d’entre elles ne font qu’un repas par jour», indique à Afrik.com le responsable d’un quartier de la commune de Mateté (est de Kinshasa). « Nous, on ne comprend pas cette flambée brusque des prix, on ne sait pas la cause, mais on en souffre énormément », ajoute pour sa part un habitant du même quartier. La RDC a l’un des pouvoirs d’achat les plus faibles du monde, un véritable paradoxe dans ce pays aux riches ressources minières. « Où sont parties toutes ces recettes minières dont on nous parle chaque jour ? Comment n’arrive-t-on pas à payer normalement les fonctionnaires ? Que font-ils de toutes les richesses ? », s’interroge un fonctionnaire du ministère des Finances.
Le secteur informel à la peine
La question que tout le monde se pose est : comment les familles congolaises se débrouillent-elles pour se nourrir ? L’informel est devenu depuis plus de 15 ans l’unique moyen de survie des Congolais. Chaque famille, en majorité les femmes, les mères de familles, se «débrouillent». La vente de pains, des légumes, des fruits, bref le petit commerce fait vivre des millions de familles à Kinshasa. « Moi, pour nourrir ma petite famille de 6 membres, il me faut me réveiller chaque matin à 4h30’, chercher du pain à la boulangerie et vendre devant la maison », indique une ménagère de 48 ans, avant de déplorer le fait que depuis un mois, la vie est devenue trop chère. Annie, 50 ans, vendeuse au marché Gambela, est presque du même avis. « On ne tient plus le coup. Tous les produits alimentaires ont augmenté de prix. La farine de manioc, celle de maïs, le riz, le haricot, le sucre, tout est passé de 80 à 150% », indique-t-elle. En ce qui concerne le pain, si on a maintenu le prix, on a par contre diminué de volume. A Kinshasa, les ménagères estiment qu’une famille ne peut pas trouver de quoi manger (un repas) à moins de 15$, alors que dans l’est du pays, il faudra au moins 10$. Ce qui relève presque d’un miracle alors que le Smig en RDC est d’ 1 dollar US par jour !
Le mutisme du gouvernement traduit sans doute la difficulté qu’il rencontre à élaborer une politique salariale réaliste susceptible de permettre au travailleur de satisfaire ses besoins élémentaires. C’est dans cette situation précaire, sans pouvoir d’achat, que la RDC affronte les causes externes de la vie chère. Allusion faite aux prix des produits pétroliers qui influent sur tous les secteurs de la vie nationale, particulièrement sur les prix des denrées alimentaires qui prennent l’ascenseur. La RDC, qui est confrontée à toutes sortes de pénuries, est depuis quelques semaines victime, elle aussi, de la hausse du prix des produits pétroliers sur le marché mondial. La récente augmentation de plus de 20 % du prix de l’essence pèse douloureusement sur une population déjà éprouvée par la dureté de la vie.