Cinquième étape : le Cameroun – La hausse des prix est aujourd’hui une question qui préoccupe le monde entier. De plus en plus, les tensions augmentent dans les pays pauvres du globe, dont ceux d’Afrique, où plusieurs émeutes ont éclaté ces derniers mois. Afrik.com publie cette semaine une série d’articles dans lesquels les Africains témoignent des difficultés du quotidien et de leurs attentes.
Notre correspondante à Yaoundé
Après les turbulences sociales du mois de février, une ordonnance du président de la République Paul Biya annonçait la baisse des prix des denrées alimentaires de première nécessité pour le 1er avril 2008. Cette promesse a calmé les populations qui réclamaient de meilleures conditions de vie. L’enquête menée dans les marchés de Mokolo, Acacia, Mfoundi et Mvog Mbi à Yaoundé la capitale révèle que les produits de première nécessité tels que le riz, le poisson, l’huile… n’ont pas du tout connu de baisse de prix. Au contraire, pour certaines denrées, les prix auraient plutôt augmenté. Monsieur Ndé Augustin est vendeur au marché Acacia, il affirme : «il n’y a pas eu de baisse des prix au niveau des grands clients ou des grossistes. Les prix ont d’ailleurs augmenté, mais nous les vendeurs nous ne nous plaignons pas car les gens continuent de s’approvisionner.»
Le frémissement annoncé dans le panier de la ménagère reste donc attendu. Les descentes inopinées des contrôleurs de prix sur les marchés ne découragent pas les vendeurs qui espèrent trouver les moyens de contourner les prix homologués. Les effets douloureux de la vie chère ont provoqué la fermeture de certaines boutiques et épiceries dont les propriétaires refusent de recevoir les contrôleurs de prix. Ceux-ci ont pour mission de sanctionner les fraudeurs et surtout de sceller les boutiques dans lesquelles les nouveaux prix ne sont pas appliqués.
Après les produits pétroliers, il y a quelques semaines, les Camerounais déplorent la rareté du gaz domestique et du ciment. Les transactions pour ces deux produits se font très souvent tard dans la nuit, à l’ombre des regards et selon les contacts personnels des vendeurs et acheteurs.
Les Camerounais dans l’expectative
Interrogée sur sa manière de gérer cette situation, madame Ketcha jeune diplômée et femme au foyer dit que «les prix ont augmenté, le kilogramme de riz est passé de 350 FCFA à 400 F voire plus selon la qualité.» Une flambée du prix du riz qui, selon les autorités camerounaises, s’explique par le fait que seule la Thaïlande importe encore cette céréale au Cameroun.
Pour joindre les deux bouts, chacun y va de sa manière. Certaines familles sont passées de trois repas par jour à deux ou un seul. Le plus inquiétant est sans doute le fait que les populations n’ont aucune explication sur cet état de chose. Il revient aux pouvoirs publics de suivre et de vérifier l’effectivité de la baisse des prix dans les marchés. Lors d’une intervention à la radio nationale, le ministre du commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a déclaré que l’ordonnance présidentielle est bel et bien en application et la légère appréciation de la baisse des prix est due au fait que «le prix du riz, de la farine, du poisson et des autres produits varient en réalité selon les prix sur le marché international.» Il prend pour preuve le prix du pain qui est resté inchangé malgré toutes les turbulences. Toutefois, les populations camerounaises continuent d’attendre et d’espérer une réelle baisse des produits de première nécessité pour compléter le panier de la ménagère qui a du mal à se remplir.