Les Botswanais s’étaient rendus aux urnes, mercredi 30 octobre 2024, pour renouveler leur Parlement qui devra élire un nouveau Président. Deux jours après le vote, la victoire de l’opposition est reconnue par le Président sortant, Mokgweetsi Masisi.
Le Botswana vient de réaliser la première alternance démocratique depuis son indépendance obtenue en 1966. Le parti démocratique du Botswana (BDP), parti au pouvoir depuis 58 ans a perdu les élections législatives. C’est la coalition de l’opposition, l’Umbrella for democratic change (UDC) réunie autour de l’avocat Duma Boko qui est sortie victorieuse. « Je souhaite féliciter l’opposition pour sa victoire et concéder l’élection », a déclaré le Président sortant au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue ce jour. « Nous sommes tout à fait heureux de nous retirer pour devenir une opposition loyale qui demande des comptes au gouvernement », a-t-il ajouté. Mokgweetsi Masisi a également promis de « démarrer toutes les procédures administratives pour faciliter la transition ».
Un modèle de démocratie
La victoire de l’opposition a été reconnue alors même que la totalité des résultats n’était pas encore obtenue. Mais, l’UDC ayant déjà obtenu 31 des 61 sièges, soit la majorité, le BDP se savait battu, puisqu’il ne restait plus que quelques dernières circonscriptions électorales à parcourir. Dans la journée, les chiffres ont évolué et les résultats partiels donnaient 32 sièges à l’UDC, 14 au Parti du congrès du Botswana (BCP), 5 au Front patriotique du Botswana (BPF), le BDP fermant la marche avec 4 sièges. « Nous avons assisté à une transition démocratique réussie, pacifique et ordonnée », s’est réjoui le futur Président, Duma Boko. Lui qui, voyant la tendance des résultats, s’était empressé de publier ce message sur Facebook pour annoncer sa victoire : « Le changement est là ».
Le Botswana a réussi à se forger une solide réputation d’un pays stable où les élections ont rarement fait l’objet de contestations. C’est ce que le pays vient de confirmer à travers ces législatives remportées par l’opposition.
Un profond besoin de changement
La popularité du BDP a enclenché une phase de déclin depuis 2014 où pour la première fois e parti est passé sous la barre des 50 % lors des élections de 2014. Malgré cela, il a réussi à obtenir la victoire en 2019 où Mokgweetsi Masisi a été élu dans un scrutin très serré et dont les résultats avaient été contestés par celui qui vient d’être élu, Duma Boko. Le besoin de changement était devenu réel surtout avec les difficultés économiques que connaît le pays ces dernières années notamment en raison de la baisse de la demande en diamant dont le pays, deuxième producteur mondial, est fortement dépendant.
Cette dégradation de la situation économique s’accompagne d’une flambée du taux de chômage qui est d’environ 27 % et touche une bonne partie de la jeunesse (38 %). À cela s’ajoutent les accusations de corruption et de mauvaise gestion dont les autorités n’ont pas réussi à se débarrasser ces dernières années. Enfin, l’incidence de la forte campagne de Ian Khama, prédécesseur de Mokgweetsi Masisi, contre lui a dû également peser en faveur de l’opposition.