Monsieur le Président de la République Française, le 30 Juin 2011, les familles des ressortissants français victimes du crash du vol Yemenia honoreront la mémoire de leurs proches disparus.
Deux ans déjà, et les familles des victimes ne connaissent toujours pas les causes exactes de cet accident.
Les diligences effectuées par les magistrats et enquêteurs français pour obtenir communication du cahier de maintenance de l’appareil accidenté, les licences des pilotes et les documents administratifs, notamment les contrats d’assurances, ont échoué.
La compagnie Yemenia retient ces documents. Elle évoque des raisons dilatoires et fallacieuses pour fuir ses responsabilités et faire obstacle à la manifestation de la vérité.
Sans ces documents, les familles des victimes ne peuvent engager, avec certitude et efficacité, des actions en indemnisation de leur préjudice dans le délai de deux ans prévu par les conventions applicables en pareille circonstance.
Cette situation met au désespoir les familles qui, en comparaison des efforts et des moyens colossaux déployés dans d’autres accidents d’avion, ont le sentiment d’être abandonnées à leur triste sort.
Elles ont le sentiment qu’elles n’obtiendront jamais d’informations fiables et exactes sur l’état technique de l’appareil accidenté et sur la formation et la compétence des pilotes.
Tout aussi intolérable est le fait que la compagnie Yemenia continue à opérer sans contrainte en France alors qu’elle viole en toute impunité les règles de l’Organisation internationale de l’aviation civile, l’OIAC, qui pourtant oblige toutes les compagnies aériennes, en cas de survenance d’accident, à fournir aux enquêteurs les documents permettant d’en déterminer en toute objectivité les causes exactes.
Le comportement de Yemenia pourrait laisser croire que la réglementation internationale relative à l’aviation civile n’est pas suffisamment contraignante pour obliger certaines compagnies à s’y conformer, et que les organisations internationales de tutelle n’ont pas la volonté, ou les moyens, de faire appliquer ces règles.
L’alerte adressée à la Direction générale de l’aviation civile française et à l’Organisation internationale de l’aviation civile sur le manquement grave et caractérisé de la compagnie Yemenia Airways à ses obligations et sur le risque potentiel que cette compagnie fait courir à ses passagers n’ a rien donné, d’où la plainte déposée au Parquet de Bobigny pour mise en danger de la vie d’autrui et obstacle à la manifestation de la vérité.
Dans ce contexte douloureux, je me suis souvenu de votre présence à la Mosquée de Paris en juillet 2009 lors de la cérémonie organisée en mémoire des victimes.
Par votre présence, vous aviez tenu à partager la peine des familles.
Aujourd’hui, celles-ci souhaitent faire à nouveau appel à vous. Elles vous demandent d’intervenir pour mettre fin à l’impunité et à la tolérance dont bénéficie Yemenia, et de faire ce qui est en votre pouvoir pour les aider à connaître la vérité et à mettre fin à la véritable discrimination dont elles sont victimes
Je sais que vous aurez la volonté, le courage et la détermination d’apporter tout votre soutien à ces familles, pour la plupart de nationalité française.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de mon profond respect et de ma haute considération.
Par Said Larifou