Les pays maghrébins s’organisent pour ne pas se retrouver submergés au cas où une épidémie de grippe aviaire éclaterait. Leurs politiques et stratégies ont été consignées dans le rapport de la réunion « Grippe aviaire: le point en 2005 », qui s’est tenue mercredi à Rabat, au Maroc.
Les pays du Maghreb, qui se sentent dorénavant concernés par une éventuelle contamination de la grippe aviaire, ont mis au point des politiques et stratégies allant de l’interdiction d’importation des volailles à un contrôle dans les aéroports en passant par la prise en charge des cas suspects et l’augmentation du taux de vaccination contre la maladie.
Ces politiques et stratégies sont contenues dans un document publié à l’issue d’une réunion sur la « Grippe aviaire: le point en 2005 », organisée mercredi à Rabat par l’hôpital international Cheikh Zaid, du nom de l’ancien chef d’Etat des Emirats arabes-unis, dans le cadre de ses Assises médicales de formation continue.
Le document cite notamment le cas du Maroc qui a décidé de prolonger l’interdiction d’importation de toutes les volailles vivantes et de produits originaires de volailles à partir de tous les pays déclarés infectés par la maladie, en mettant sur pied un Comité national de vigilance de l’influenza chargé de suivre et d’évaluer les développements de la situation sanitaire internationale à l’égard de la maladie et de maintenir une veille sanitaire et rapprochée au niveau national.
L’Algérie, souligne le document, avait, quant à elle, fait des déclarations dans ce sens en septembre et confirmé un mois plus tard sa décision d’imposer un contrôle au niveau des aéroports, ajoutant que les autorités tunisiennes ont pris de leur côté un train de mesures en vue d’endiguer la propagation de la grippe aviaire.
Il s’agit notamment de l’identification des organismes spécialisés devant être saisis ou contactés en cas d’apparition de cas avérés ou suspects et la mise en oeuvre de dispositions administratives en matière d’acquisition des médicaments anti-viraux contre le virus.
Au cours de cette réunion, qui a rassemblé des médecins généralistes et des hôpitaux, ainsi que des autorités sanitaires et universitaires médicales, plusieurs exposés ont été présentés sur les données épidémiologiques et modalités de transmission à l’homme, les facteurs virologiques intervenant dans le risque d’apparition d’un virus influenzae adapté à l’homme et les manifestations cliniques, les modalités thérapeutiques et les plans de lutte contre une pandémie de grippe.
La grippe aviaire, souligne la même source, demeure une actualité brûlante pour la santé mondiale dans la mesure où l’organisme humain est entièrement démuni contre ce virus. Le système immunitaire est donc vierge vis-à-vis de ce virus et ne réagit pas, ce qui entraîne une virulence extrême avec des complications graves, d’autant que la propagation est fulgurante.
Dans le cas de la grippe aviaire, le danger réside dans le fait que les premières victimes du virus se mélangent aux millions de cas hivernaux de la grippe saisonnière, d’où la difficulté de les repérer, précise le document, ajoutant cependant que s’il existe des tests de diagnostic rapide, ils ne permettent pas d’en distinguer le type. Seule une virulence plus élevée de ce nouveau virus avec des conséquences importantes (hôpitaux débordés) permettra de donner l’alerte.
En ce qui concerne les moyens de lutte disponibles, le document fait état de la limitation de l’efficacité du vaccin qui doit être synthétisé et produit de quantités suffisantes pour être administré aux populations, expliquant que cette opération nécessitera entre 3 et 6 mois, une période pendant laquelle des millions de personnes pourraient trouver la mort.
Une bonne préparation, selon la même source, sous-entend la capacité de traiter tous les patients qui seront atteints de grippe en cas de pandémie, soit environ 25% de la population et ce, en utilisant les traitements anti-viraux (dans l’attente du vaccin), ajoutant que les gouvernements des pays et autorités responsables sont donc appelés à constituer des « stocks suffisants de médicaments », dans l’attente de la possibilité d’une vaccination spécifique à la pandémie.
Il s’agit, en outre, poursuit le document, de l’implication de la population et d’une large sensibilisation quant à la propagation de la pandémie et des risques encourus.
L’hiver dernier, le virus de la grippe aviaire a tué des dizaines de personnes en Asie et entraîné la destruction de 100 millions de poulets à travers le monde.