Après vingt-sept ans de guerre civile en Angola, un cessez-le-feu est sur le point d’être signé entre les forces armées angolaises et l’Unita. De nombreux points d’interrogation subsistent, mais dans les deux camps on assure que la paix est désormais à portée de main.
Après quinze jours de négociations, un procès-verbal sur la cessation des hostilités en Angola a été signé le samedi 30 mars, à Lwena, entre les forces armées angolaises (FAA) et les officiers rebelles de l’Unita. Cet accord, conclu en présence d’un représentant des Nations Unies et des ambassadeurs des Etats-Unis, du Portugal et de Russie, vise prioritairement à résoudre les délicates questions militaires sur lesquelles le Protocole de Lusaka avait achoppé en 1994. Il envisage notamment les zones de cantonnement des militaires de l’Unita et prévoit un échéancier de leur désarmement et leur incorporation dans l’armée régulière angolaise.
Parallèlement, le lundi 1er avril, un groupe parlementaire du MPLA (mouvement populaire pour la libération de l’Angola) se réunissait afin d’étudier un projet de loi du gouvernement sur l’amnistie des crimes militaires, nécessaire selon les députés pour donner des garanties juridico-politiques à la réconciliation nationale. La loi, votée dès le lendemain, décidait d’amnistier tous les combattants de l’Unita. Enfin, dernière étape du processus de paix, la cérémonie solennelle de signature de l’accord de cessez-le-feu aura lieu le jeudi 4 avril prochain en présence de personnalités nationales et internationales. Et en présence, assure-t-on, du Général Gato, leader politique de l’Unita, dont l’absence remarquée le 30 mars avait jeté le doute sur les intentions de l’Unita.
Des ombres au tableau
Toutes les conditions semblent cette fois réunies pour rendre possible cette réconciliation nationale, attendue depuis près de vingt-sept ans par les Angolais. Il faut dire que les rebelles de l’Unita n’avaient plus vraiment le choix. Depuis l’assassinat du fondateur de leur mouvement, Jonas Savimbi, le 22 février dernier, les victoires du FAA s’étaient multipliées ce dernier mois.
Du coup, des inquiétudes subsistent quant à la bonne volonté de l’Unita et à sa liberté de choix dans la signature des accords. On craint également que les soldats rebelles, qui ont peu à peu acquis une certaine autonomie, refusent d’obéir à leur chef et de déposer les armes. Enfin, dans les deux camps, de nombreux officiers ont utilisé leur autorité militaire pour servir des intérêts commerciaux personnels. Certains Angolais se demandent donc à juste titre si ces personnes souhaitent réellement la fin d’un conflit qui leur assure de confortables revenus.
Malgré ces zones d’ombre, on se veut optimiste et enthousiaste de part et d’autre, assurant que le jour historique d’une paix durable en Angola n’a jamais été aussi proche. Nous ne demandons qu’à le croire.