Selon des sources diplomatiques, Paul Kagamé le Président rwandais a réuni son ministre des Affaires étrangères et son chef d’Etat major pour évoquer une intervention armée dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), suite aux tirs sur son territoire.
Les relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) n’ont jamais été au beau fixe. Mais cette fois-ci, l’incendie diplomatique qui oppose Kinshasa à Kigali est très grave. Le régime de Paul Kagamé a accusé les forces armées congolaises en confrontation avec les rebelles du M23 dans l’est de la RDC d’avoir émis des tirs d’obus sur son territoire. « Cette provocation ne peut plus être tolérée. Nous n’hésiterons pas à défendre notre territoire », a indiqué la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo.
Les autorités congolaises et la Mission de l’Onu en RDC pour la paix (Monusco) qui prête main forte aux soldats congolais ont rejeté ces allégations. Selon l’Onu, ces tirs proviendraient du M23. Dans un communiqué, Ban Ki-moon « condamne en particulier les tirs non ciblés émanant du M23 qui ont causé des morts, des blessés et des dégâts matériels parmi la population civile à l’est de la RDC et dans les zones frontalières au Rwanda, de même que parmi les casques bleus ». L’institution accuse l’armée rwandaise de soutenir la rébellion et de s’être infiltrée dans l’est de la RDC. Des propos que la ministre rwandaise des Affaires étrangères a démenti sur Twitter. « Non (…), les troupes rwandaises ne sont pas en République démocratique du Congo (pour le moment)», a-t-elle écrit.
«Le Rwanda a une force de frappe énorme»
Pour de nombreux observateurs, les accusations du régime de Kagamé à l’encontre des autorités congolaises ne sont pas anodines. Kigali cherche simplement un prétexte pour « entrer en guerre avec la RDC ». Selon des sources diplomatiques, « Paul Kagamé a réuni ces dernières heures son chef d’état-major et sa ministre des Affaires étrangères pour évoquer une intervention prochaine des troupes rwandaises dans l’est de la RDC, à Goma».
Toutefois le, Rwanda se retrouve « très isolé sur la scène internationale », selon Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale au centre de réflexion International Crisis Group (ICG). Il met également en exergue la présence des casques bleus qui se retrouvent finalement au milieu du conflit. « Maintenant les casques bleus sont très impliqués. Il y a donc un risque de confrontation entre les casques bleus et le Rwanda, ce qui serait catastrophique pour les soldats de l’ONU ». D’après cette source congolaise locale , qui a préféré garder l’anonymat, « l’armée rwandaise, qui bénéficie d’une formation solide prodiguée par les Etats-Unis, a une force de frappe énorme. Elle pourrait pénétrer dans Goma en quelques heures. Alors que l’armée congolaise ne détient pas les équipements nécessaires pour faire face aux troupes rwandaises ».
Pour cet ex-conseiller du défunt Président congolais assassiné, Laurent-Désiré Kabila, « le Rwanda a toujours attaqué la RDC. Les troupes rwandaises sont infiltrées en RDC depuis de nombreuses années. Cela ne date pas d’aujourd’hui. On sait que les rebelles du M23 sont Rwandais et non Congolais. S’ils attaquent Goma, ce sera juste une officialisation de leur entrée en guerre contre la RDC, mais il n’y a rien de nouveau ».