Faire la promotion du français, dont plus de la moitié des locuteurs se trouve en Afrique, intégrer plus de pays à la gouvernance mondiale et renforcer la solidarité économique avec les pays francophones, dont le Togo et le Bénin touchés récemment par des inondations… Tels sont les principaux objectifs que se sont assignés, dans leur déclaration de Montreux, les chefs d’Etat et de gouvernement réunis ce week-end en Suisse, lors du XIIIe sommet de la Francophonie. Les moyens concrets de cette ambition n’ont cependant pas été précisés.
De notre envoyé spécial
« N’abdiquons pas ! », s’est exclamé Abdou Diouf, le secrétaire général de la francophonie cet après-midi, lors de la conférence de presse de clôture du XIIIe sommet de la Francophonie. Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays ayant la langue française en partage, réunis les 23 et 24 octobre en Suisse, ont adopté ce dimanche la déclaration de Montreux. Cette dernière, comme lors des précédents sommets, rappelle la volonté des Etats membres de faire la promotion du français, de la diversité culturelle et du multilinguisme. « Nous pensons qu’à l’horizon 2050, nous pourrons avoir 500 millions de locuteurs francophones, dont 350 millions d’Africains ! », s’est enthousiasmé Abdou Diouf, rappelant que le français devait être pratiqué dans toutes les instances internationales, ne pas être cantonné à la littérature et à la politique mais s’imposer aussi dans les mondes économiques et scientifiques.
Cependant, le domaine dans lequel les Etats francophones ont affirmé avec le plus de force leurs intentions est celui de la gouvernance mondiale. La déclaration de Montreux met en avant leur volonté d’être plus présents et actifs dans « une gouvernance mondiale équitable prenant en compte la situation des Etats les plus vulnérables ». Comme l’avait réclamé le président français Nicolas Sarkozy, lors de l’ouverture de la rencontre, samedi, elle appelle « à une réforme de la gouvernance économique mondiale » afin qu’elle soit plus adaptée aux réalités actuelles – en l’ouvrant à « des pays en dehors du G20 », a précisé la présidente de la Confédération Suisse, le pays hôte, Doris Leuthard. Cette dernière a concédé toutefois que pour l’heure la Francophonie n’avait « pas de solution » pour faire aboutir ce désir.
Solidarité avec le Togo et le Bénin
Satisfaite du rôle joué par la Francophonie dans des pays en crise, en particulier dans le suivi des élections – 1500 programmes électoraux ont été accompagnés depuis 1992 dans des pays en crise ou en sortie de crise – Doris Leuthard a déclaré que ce type de missions serait poursuivi, afin que se tiennent plus d’élections libres et crédibles, gages de progression de la démocratie.
D’autre part, dans la déclaration de Montreux, les pays francophones s’engagent à conforter la « solidarité économique francophone ». Doris Leuthard a annoncé lors de la conférence de presse de clôture du Sommet, que la Francophonie exprimait sa « solidarité et sa compassion » avec les pays touchés par les récentes inondations, à savoir le Bénin, le Togo et le Viêt-Nam. Elle a voté un projet de résolution appelant la communauté internationale à réagir. Selon Bernard Kouchner, l’aide aux pays victimes d’inondations se fera « grâce à des financements innovants. »
Le Sommet de la Francophonie 2012 à Kinshasa
Les Etats membres de l’Organisation internationale de la Francophonie ont enfin annoncé que le prochain sommet les réunissant serait organisé en 2014, dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa. « Ca a toujours été le souhait et la volonté du peuple congolais », a déclaré, satisfait, le président de la RDC, Joseph Kabila. « Surtout que la RDC est sur la voie de la consolidation de la paix et de la sécurité, en particulier sur la frontière Est », a-t-il ajouté. Le président congolais a annoncé que son pays associerait les autres pays de la région des Grands lacs à l’organisation de ce sommet. Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie s’est félicité du choix de la RDC, premier pays d’Afrique centrale à accueillir cet événement. Il a rappelé que le sommet de Kinshasa de 1991 avait été annulé pour cause d’instabilité politique.
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