Les fièvres hémorragiques provoquées par le virus Ebola tuent 90% des personnes infectées. Une nouvelle étude laisse espérer le développement d’un traitement, qui a d’ores et déjà fait ses preuves sur des singes mais dont les essais cliniques sont à venir.
Ebola est l’un des virus les plus dangereux au monde. Dans une publication du 22 août, parue dans l’édition en ligne de la revue Nature Medicine, des chercheurs de l’Institut militaire américain pour les recherches médicales des maladies infectieuses (USANRIID) signalent avoir trouvé une classe de médicaments qui pourrait fournir un traitement contre le virus.
Quand une cellule est infectée par Ebola, elle permet la reproduction des virus. Ebola tue car il fabrique des produits chimiques appelés cytokines, qui provoquent une inflammation et endommagent la paroi des vaisseaux sanguins. Les protéines libérées par le virus causent aussi des problèmes de coagulation sanguine. Tout cela conduit à des hémorragies externes et internes. 90% des personnes touchées par le virus en meurent en trois semaines à peine et la transmission se fait par contact direct notamment avec le sang où la salive.
Les nouveaux médicaments sont appelés «antisens», et permettent au système immunitaire d’attaquer les virus avant qu’ils ne tuent le patient. Travis Warren, chercheur au USAMRIID, a déclaré que le travail était encore au stade préliminaire – les médicaments n’ont été testés que sur des primates –, mais que les résultats étaient prometteurs. Pour M.Warren, «c’est vraiment une course entre le virus et le système immunitaire ».
Les médicaments « antisens » aident le système immunitaire à gagner cette course. La molécule injectée s’insère dans certaines parties du virus, bloquant toute reproduction de celui-ci. Avec la prolifération du virus ralentie, le système immunitaire a le temps de combattre et d’éliminer le virus de l’organisme.
Contrairement au mode d’action des vaccins, ces médicaments sont efficaces uniquement après exposition au virus. Dans le cadre de l’expérience menée par le laboratoire américain, cinq des huit singes infectés ont survécu grâce à ce nouveau traitement.
Ebola, une potentielle menace terroriste
Cette maladie sévit uniquement en Afrique. Depuis 1976 et la découverte du virus Ebola, 1 850 cas ont été recensés au cours de dizaines d’épidémies et plus de 1 200 se sont avérés mortels. Pour l’instant, la recherche de traitements est assez lente car le virus est hautement infectieux et il n’existe aucun moyen de le soigner. Ainsi, les laboratoires travaillant sur le virus Ebola doivent justifier d’un très haut niveau de sécurité.
Ce nouveau traitement a été développé dans le cadre d’un programme de l’armée américaine pour faire face aux éventuelles menaces bioterroristes, en partenariat avec la société privée AVI Biopharma. En effet, le virus Ebola diffusé en aérosols dans l’air pourrait être utilisé comme une arme biologique.
Le travail sur les médicaments « antisens » n’est pas limité aux virus mortels comme Ebola. Ces nouveaux médicaments pourraient aussi être une bonne solution contre la grippe, la dengue ou encore la fièvre de Lassa.
Avant que le médicament puisse être distribué ou vendu il doit passer par d’autres tests pour prouver qu’il est efficace chez l’homme. Dans ce cadre, la Food and Drug Administration a autorisé des essais limités sur les êtres humains. D’après Travis Warren, il faudra attendre au moins trois ans avant de voir l’utilisation de ces médicaments sur les patients.
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