Le régime soudanais et l’ancienne rébellion sudiste sont parvenus ce dimanche à la signature d’un accord portant sur l’introduction de réformes démocratiques dans l’optique des élections d’avril 2010. Malgré les espoirs suscités par cet accord censé garantir des élections transparentes dans le pays, une manifestation organisée par des représentants de sudistes a été violemment réprimée ce lundi, à Omdurman, près de Khartoum.
L’Accord global de paix (CPA) de 2005 aura tenu bon. En dépit des différends majeurs qui les séparaient, le Nord et le Sud Soudan ont réussi à s’entendre autour d’un nouvel accord ce dimanche, mettant ainsi fin aux tensions qui menaçaient le CPA et affaiblissaient la paix fragile obtenue grâce à lui au Soudan. Le Congrès National (CN), le parti au pouvoir du président soudanais Omar el-Béchir et le Mouvement de libération du Soudan (SPLM, ex-rébellion sudiste) ont signé à Khartoum un document portant sur l’introduction de réformes démocratiques dans le pays, dans l’optique des élections d’avril 2010 et du référendum sur l’indépendance du Sud prévu en 2011. « Avec cet accord, nous annonçons la fin de la crise entre les deux partenaires », a affirmé Pagan Amum, secrétaire général du SPLM.
Les discussion entamées jeudi dernier entre le président el-Béchir et le dirigeant sudiste Salva Kiir, également vice-président du Soudan, ont ainsi eu raison de plusieurs points de discorde entre les deux parties. Parmi ceux-ci, la majorité à définir lors du référendum de 2011, le SPLM voulant une majorité simple (50+1) alors que le Congrès national réclamait une majorité des deux tiers. Autres points d’achoppement réglés, les pouvoirs des services de sécurité que les ex-rebelles sudistes voulaient revoir à la baisse. Les deux parties sont ainsi convenues d’«examiner la loi relative à la sécurité nationale et les renseignements afin de parvenir à un accord et le soumettre au Parlement », selon le numéro 2 du Congrès national, Nafie Ali Nafie. Les compromis obtenus de part et d’autre devraient être détaillés au public dans les semaines à venir, après consultation de l’ensemble des partis politiques soudanais. Loin de surprendre, cet accord est intervenu ce dimanche après que les États-Unis ont accentué leurs efforts vis-à-vis du Soudan, comme ils l’avaient annoncé en octobre dernier.
Dépêché sur place pour apaiser les tensions, l’émissaire de Washington Scott Gration a assisté en personne à la signature de l’accord. En amont, dès l’ouverture de la rencontre, la Secrétaire d’ État américaine Hillary Clinton avait pour sa part appelé à la retenue après l’incendie de locaux du Congrès national jeudi, en réponse à l’arrestation de plusieurs manifestants sudistes, dont le secrétaire général du SPLM, Pagan Amum. Elle avait en outre souligné « la priorité » qu’était le Soudan pour son pays. Or, en dépit des efforts américains et du consensus obtenu par les deux parties signataires, l’accord de dimanche est demeuré insuffisant pour une partie de l’opposition.
Des troubles au lendemain de l’accord
Afin de réclamer davantage de réformes démocratiques, vingt-et-un groupes de l’opposition, parmi lesquels le Mouvement de libération du Soudan (SPLM) signataire de l’accord et le parti Oumma avaient prévu de manifester ce lundi, à Omburman, ville jumelle de Khartoum. A peine rassemblée, la manifestation a tourné court après que la police a tiré du gaz lacrymogène et utilisé des canons à eau contre le peu de manifestants réunis. Au moins 38 personnes ont été interpellées par la police, dont Mariam Mahdi, la fille du chef du parti de l’opposition Oumma, Sadek el-Mahdi. Par la suite, plusieurs partisans du SPLM, parti signataire de l’accord, auraient été frappés par la police au moment où ils tentaient de rallier le cortège. Des scènes qui viennent obscurcir l’horizon qu’avait pourtant semblé avoir dégagé ce dimanche la signature de cet accord soudanais Nord/Sud en vue d’élections libres, dans un pays qui n’en a pas connu depuis 1986.
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