Verdict de la CPI contre Abdoul Aziz al-Hassan


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Al Hassan Ag Abdoul Aziz

Ce 26 juin 2024, la Cour pénale internationale (CPI) s’apprête à rendre son verdict dans le procès très médiatisé d’Abdoul Aziz al-Hassan, ancien chef de la police islamique de Tombouctou. Accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, al-Hassan est une figure centrale dans l’occupation de la ville par les groupes jihadistes entre 2012 et 2013.

Le jugement pourrait enfin lever le voile sur sa véritable place dans la hiérarchie de cette occupation brutale.

Un « petit poisson » ou une « pièce importante » ?

Pendant les quatre années de ce procès, la défense et l’accusation ont brossé deux portraits contrastés d’al-Hassan. Son avocate le décrit comme « un petit poisson dans une situation impossible », tandis que le procureur le considère comme « une pièce importante du système global de persécution ». Cette distinction est importante, car elle déterminera non seulement la culpabilité de l’accusé, mais aussi l’ampleur de sa responsabilité dans les atrocités commises à Tombouctou.

Des accusations sombres et multiples

Les charges retenues contre Abdoul Aziz al-Hassan sont lourdes : torture, traitement cruel, atteinte à la dignité de la personne, viol, esclavage sexuel, mariages forcés, condamnation sans jugement, persécutions, et autres actes inhumains. Les faits se sont déroulés dans un contexte de terreur où les droits humains étaient systématiquement bafoués. Al-Hassan, à travers son rôle à la tête de la police islamique (Hesbah), aurait été omniprésent, infligeant des punitions sévères et arbitraires.

Les témoignages des victimes : un récit de terreur

Le procès a vu défiler 52 témoins de l’accusation, parmi lesquels des experts, des journalistes et surtout des victimes. Les témoignages poignants ont peint un tableau de terreur imposée par les jihadistes. Au total, 2 196 victimes ont été représentées par des avocats, et ont mis en lumière l’ampleur des souffrances infligées. Des vidéos montrant al-Hassan en train d’exécuter des punitions et des preuves téléphoniques, satellitaires et juridiques ont été présentées pour appuyer les accusations.

La défense plaide l’innocence

La défense d’al-Hassan a tenté de décrédibiliser certains témoignages, affirmant qu’ils avaient été obtenus sous la torture par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) du Mali. Son avocate, Melinda Taylor, a également souligné que son client n’était pas un extrémiste, mais un vétérinaire de 34 ans au moment des faits, pris dans les tourments d’une guerre civile. Cependant, les juges ont estimé que les souffrances d’al-Hassan étaient dues au stress du procès, et non à un traumatisme profond.

Un procès long et complexe

Ouvert en juillet 2020, ce procès s’est déroulé sur quatre longues années, traversant même la pandémie de Covid-19. Si al-Hassan est reconnu coupable, la sentence ne sera prononcée qu’après plusieurs mois, suivant les réquisitions du procureur. Ce procès est le second de la CPI concernant l’occupation de Tombouctou, après celui d’Ahmed al-Mahdi, condamné à neuf ans de prison pour la destruction des mausolées de la ville.

Le bureau du procureur a récemment dévoilé un mandat d’arrêt contre Iyad Ag Ghali, chef d’Ansar Dine, et souligné que l’enquête sur les crimes de l’occupation de Tombouctou se poursuit. Pendant le procès, al-Hassan a tenté de se distancier d’Ag Ghali et des mouvements jihadistes. Il espère une libération provisoire.

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