Seule une chute pourrait priver, vendredi, le champion marocain du 1 500 mètres d’un premier titre olympique. Comme à Atlanta, justement.
Il pense à Atlanta. Favori, ce jour-là, au point que le mot aurait pu être inventé pour lui, Hicham El-Guerrouj a chuté pendant la dernière finale courue du 1 500 mètres olympique, en 1996 dans la ville américaine. C’est à cela, à ce » cauchemar » comme il l’a décrit à l’agence de presse MAP, qu’il pense à l’avant-veille de la course de sa vie, vendredi à neuf heures (heure marocaine, GMT -1). C’est si court, une carrière sportive.
Mais la sienne est si remplie : pleine de records mondiaux du 1 500 mètres, du mille mètre (le dernier à Rome en juillet 1999), du 2 000 mètres, … Pleine de titres nationaux, continentaux et mondiaux. A Séville, au cours des championnats du monde, l’année dernière, El-Guerrouj a été une étoile filante, si loin de la portée de ses adversaires.
Sans passion apparente
Hicham El-Guerrouj est, d’ores et déjà, un héros incomparable dans le sport marocain. Son grand devancier, Saïd Aouita, a connu une carrière brillante mais pas cette auréole que confère à un athlète le sentiment qu’ont les autres compétiteurs de son invincibilité.
Surtout, El-Guerrouj est, comme Gebrselassie dans son pays, porteur de valeurs morales que l’individualiste Aouita n’avait pas incarnées. Au printemps, un avocat allemand et sa femme racontaient dans un journal comment la famille El-Guerrouj avait fait preuve d’une exceptionnelle hospitalité à leur égard au cours de leur voyage marocain.
Curieusement, la presse marocaine d’aujourd’hui évoque sans passion apparente le parcours olympique de son champion, poursuivi ce matin par une confortable qualification en demi-finale. Les journaux préfèrent mettre l’accent sur la qualification surprise de Youssef Baba, » l’autre » Marocain du 1 500 mètres. Tout se passe comme si, empreint lui aussi du » cauchemar » d’Atlanta, le pays retenait son souffle.