Veille électorale tendue au Nigeria


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Les Nigérians s’apprêtent à choisir samedi prochain le successeur du président Olusegun Obasanjo. A quelques jours d’un de ses rares rendez-vous avec la démocratie, le climat socio-politique est pour le moins tendu au Nigeria.

Les violences et les incidents se multiplient au Nigeria après l’annonce des résultats des élections locales du 14 avril dernier. Au moins 21 personnes ont déjà trouvé la mort selon la police nigériane. Le climat social est par conséquent très tendu à la veille des scrutins présidentiel et législatif de samedi prochain auxquels prendront part 61,5 millions d’électeurs. Pour prévenir toute dérive, la police a interdit depuis ce mardi, sur l’ensemble du territoire, les meetings politiques. Les manifestants, issus de l’opposition, protestent contre la victoire du Parti démocratique du peuple (PDP), au pouvoir. Le parti du président sortant, le général Olusegun Obasanjo, a remporté 26 des 33 états où les résultats sont déjà disponibles.

Les observateurs nigérians, regroupés au sein d’une coalition de défenseurs des droits civils, de syndicats et d’ONG, ont déjà demandé l’annulation du scrutin dans dix états. Selon l’un de leurs porte-paroles, Innocent Chukwuma, qui s’exprimait lundi soir devant les journalistes, la Commission nationale électorale (Inec) aurait « biaisé » le décompte des votes, favorisant ainsi le PDP. Leurs collègues européens ont, quant à eux, exprimé leurs « inquiétudes » face à la conduite des opérations de vote. Ils ont noté, par exemple, que « dans certains endroits, des bureaux de vote n’avaient pas ouvert du tout ».

Une commission nationale électorale qui manque de fiabilité

L’Inec continue ainsi d’être au cœur de la polémique électorale. Pour Bolaji Akinyemi, un ancien ministre des Affaires étrangères, « l’Inec se serait même ridiculisée ». Elle qui avait invalidé la candidature du vice-président nigérian, Atiku Abubakar, se trouve aujourd’hui contrainte par la Cour suprême de la réintroduire dans le scrutin. La plus haute autorité judiciaire nigériane a annulé, lundi, la décision de la Commission de l’exclure de la course à la présidentielle pour corruption. Cette réintégration d’Atiku Abubakar, élu en 1999 et 2003 avec Olusegun Obasanjo, qui a quitté le parti au pouvoir pour rejoindre les rangs de l’opposition sous la bannière du parti d’opposition Action Congress (AC), pose encore la question de la régularité des élections de samedi dernier. De nombreux candidats de ce parti politique ont été écartés dans plusieurs états, notamment dans ceux d’Anambra, d’Adamawa et du Delta, a indiqué Lai Mohammed, le porte-parole de l’AC. La commission électorale a néanmoins déjà annulé les élections dans les états d’Imo et d’Enugu.

Le scrutin du 21 avril ne s’annonce donc pas sous les meilleurs auspices. Vital pour la démocratie nigériane et tous les clients du premier producteur de pétrole en Afrique sub-saharienne, au premier rang desquels les Etats-Unis, il devrait se jouer entre trois candidats. Atiku Abubakar, passé de numéro 2 à ennemi juré du président sortant, Umaru Yar’Adua, l’héritier désigné, gouverneur de l’état musulman de Katsina où s’applique la charia et le candidat du All Nigerian People Party (ANPP),
Muhammadu Buhari.

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