Le ministre des Affaires étrangères a appelé hier soir à Marseille ses partenaires à se fixer des objectifs plus réalistes. En livrant un bilan mitigé des cinq dernières années. Morceaux choisis.
C’est un ministre des Affaires étrangères français déterminé à relancer le processus de collaboration qui a prononcé hier le discours inaugural du quatrième sommet euro-méditerranéen à Marseille. Hubert Védrine avait bien évidemment en tête les discussions entre délégations sur le processus de paix au Moyen-Orient qui s’annoncent particulièrement difficiles. Le responsable de la présidence a reconnu que le rapprochement euro-méditerranéen avait été porté lors de son engagement à Barcelone en 1995, par » l’accord historique d’Oslo « . Et qu’aujourd’hui » le contexte est défavorable à notre démarche « . » Le travail patient, fondé sur la confiance de chacun, dans la capacité de l’autre à tenir ses engagements, s’est brutalement métamorphosé en langage de haine et en actes calculés ou désespérés de violence « , a-t-il regretté.
Trop de lenteurs
Mais en dépit des violences qui embrasent le Proche Orient, Hubert Védrine a réaffirmé son attachement à » un ensemble et un pôle nouveau de rayonnement et d’influence, fort de 600 millions d’habitants « . Et d’affirmer fermement son credo : » L’Union européenne est convaincue que la coopération euro-méditerranéenne est suffisamment forte en elle-même (…) pour qu’elle puisse se poursuivre indépendamment des vicissitudes du processus de paix (…). La présidence française reste ambitieuse « .
Hubert Védrine a donc réservé une part considérable de son discours au bilan de cinq années de collaboration. Bilan qu’il a voulu lucide. Ainsi, » en cinq ans « , le partenariat a acquis » force et légitimité « . Un processus de dialogue à 27 s’est instauré. Les sociétés civiles multiplient les échanges. Des accords d’association ont vu le jour. » Au Sud, un nombre de pays ont poursuivi la modernisation de leurs économies. Plusieurs ont engagé de profondes réformes politiques » a-t-il salué.
Mais le chef de la diplomatie française a également regretté » le trop faible nombre d’accords d’association (…) – seulement trois « , les difficultés rencontrées dans les » réformes nécessaires » à l’instauration d’une » zone de libre-échange euro-méditerrannéen « , les » résultats insuffisants en matière de coopération sociale et culturelle » et les » lenteurs sur le volet politique, plus encore sur le volet MEDA (programme de soutien européen aux pays du Sud Ndlr) « .
Hubert Védrine s’est fondé sur les propositions à venir du Commissaire européen, Chris Patten, pour recentrer le partenariat sur des objectifs » atteignables « . Manière de dire à ses collègues, à l’heure où les discussions vont s’engager, que plus de réalisme et plus de détermination ne nuiront à personne.
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