Après le sanglant attentat de Sousse, en France le syndicat des agences de voyages enregistre 80% d’annulations ou changements de destination pour le mois de juillet, ce qui correspond à 12 500 réservations. Ghislaine et Yasmine, deux amies qui vivent en France, expliquent à Afrik.com pourquoi elles ont annulé leur voyage en Tunisie.
Les touristes changent de cap. Malgré les mesures annoncées par le gouvernement tunisien pour renforcer leur sécurité, les agences de voyage européennes enregistrent depuis vendredi dernier des milliers d’annulations de séjours prévus au mois de juillet. Plusieurs milliers de touristes étaient présents en Tunisie au moment des attentats.
Ghislaine et Yasmine sont deux amies qui habitent en France dans la région parisienne. Elles avaient prévu de partir cet été en vacances en Tunisie. Mais suite à la tuerie sanglante qui a couté la vie à 38 touristes étrangers dont 30 Britanniques, elles ont annulé leur séjour par peur de subir le même sort des victimes, allongés ce jour- là sur un transat sur la plage, ou au bord de la piscine. Elles nous livrent leur réactions et ressentis.
« J’ai ressenti un sentiment de peur et d’angoisse »
Les deux amies avaient prévu de passer leur vacances à l’Ile de Djerba pendant trois semaines, accompagnées de deux autres mamans et six enfants au total. Yasmine raconte son désarroi : « On devait passer nos vacances cet été du 8 au 29 août à Djerba, on est six enfants et quatre mamans, pour un total de 10 000 euros, mais suite aux attentats de Sousse on a décidé d’annuler notre voyage. On part sans papas les enfants sont donc sous notre responsabilité et personnellement au jour aujourd’hui mon compagnon refuse de nous laisser partir ». De son côté, Ghislaine qui garde déjà un mauvais souvenir lors d’un premier séjour en Tunisie, affirme avoir eu très peur après l’attaque dans un hôtel à Sousse. « Notre première réaction était d’annuler. J’ai ressenti un sentiment de crainte, de peur et d’angoisse, d’insécurité et de danger, confie Ghislaine. Il y a quatre ans, lors d’un séjour en Tunisie, j’ai vécu un meurtre et ce qui s’est passé à Sousse m’a projeté quatre ans en arrière. Le voyage coûte 3000 euros, mais je ne me vois pas pour cette somme risquer la vie de mes enfants. »
Yasmine quant à elle est partagée entre peur et peine pour le peuple tunisien. « Franchement j’ai peur, hier encore j’ai eu les larmes aux yeux, j’en ai pleuré en regardant un reportage à la télévision et j’ai eu mal au cœur pour les Tunisiens. Cela fait beaucoup de peine malgré tout », dit-elle.
« Je ne vois pas de voyage en Tunisie dans l’avenir»
Ghislaine reste pessimiste quant à elle sur l’avenir de la Tunisie, estimant que la situation ne va pas s’arranger, d’autant qu’« il y a eu les attentats du musée de Bardo, il a trois mois et je pense qu’il y aura d’autres événements et que la situation va perdurer. On n’a vu de nombreux témoignages et reportages, j’ai des amis qui sont partis vivre en Tunisie. Là-bas il y a une situation de crainte, de crise, les gens ne se sentent pas bien, pas à l’aise », dit-elle. Même son de cloche pour Yasmine qui pense que « la Tunisie n’a rien pour se défendre, elle a des frontières assez dangereuses comme la Libye et je pense que cela va être de pire en pire, comme la guerre civile d’Algérie il y a 15 ans. »
Concernant l’éventualité de se rendre de nouveau plus tard en Tunisie, pour Ghislaine « cela peut encore être une éventualité à partir du moment où les conditions de sécurité s’arrangent. Mais au vu de la situation actuelle, et au vu du contexte économique et financier, je ne vois pas de voyage en Tunisie dans l’avenir », explique-elle. Malgré tout, Yasmine reste solidaire avec les Tunisiens mais affirme que le sentiment d’insécurité l’emporte. « Le pays est très beau, les Tunisiens sont gentils, de mon origine algérienne, en principe je me dois de soutenir un minimum mes frères et sœurs Tunisiens. En regardant les informations, j’ai eu les larmes aux yeux et pour les aider je voulais presque y aller quand même pour ne pas faire chuter leur tourisme, comme je le peux du moins, mais malheureusement il n’y a pas de sécurité et ce qui arrive aux Tunisiens me fait mal au cœur. »
Yasmine et Ghislaine ont réservé leur séjour sur Internet et après les attentats, et ont fait une demande d’annulation de leur séjour et le remboursement des frais de réservation. Chose que l’agence de voyage leur a refusé. Toutefois on leur a proposé de transformer l’acompte en un avoir valable un an, la différence ne leur sera pas prélevée. En France les frais d’annulation varient d’une agence à une autre, et les conditions générales de vente sont librement fixées.