Ushahidi : le logiciel qui rend compte des crises de l’intérieur


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Du blog au logiciel. C’est le résumé de l’aventure technologique Ushahidi née à la suite des tragiques violences post-électorales qu’a vécues le Kenya en janvier 2008. Ushahidi permet de suivre en temps réel les crises du point de vue de ceux qui les vivent.

Témoigner en temps réel de l’évolution des crises partout dans le monde. Un logiciel rend la démarche possible : Ushahidi. « Ushahidi est à l’origine un blog qui a été créé durant les violences post-électorales qu’a connues le Kenya en janvier 2008. Il y avait un black-out médiatique et il était difficile d’avoir des informations sur la situation.», explique Erik Hersman, cofondateur et directeur des opérations d’Ushahidi. Avec l’avocate et activiste kényane Ory Okolloh, la directrice et cofondatrice d’Ushahidi, et d’autres blogueurs, ils informent sur la crise socio-politique qui secoue le Kenya. Quelques mois plus tard, le blog devient un logiciel grâce à l’aide d’une ONG américaine. Sa version Alpha est finalisée en novembre 2008 et permet à l’expérience kényane d’être dupliquée. Grâce à cet outil, les gens peuvent se servir d’un téléphone portable, d’un sms ou d’un e-mail pour décrire les drames qu’ils vivent ou qui sont vécus autour d’eux. Le logiciel a été avant tout pensé pour permettre aux personnes qui vivent la crise d’avoir le maximum d’éléments d’informations sur son déroulement et son évolution.

La chaine d’information en continue Al Jazeera utilise aujourd’hui ce programme open source pour rendre compte du conflit qui ensanglante le territoire palestinien de Gaza. Ushahidi permet aussi de recueillir des témoignages directs de personnes vivant dans le Nord-Kivu, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) en proie à un conflit depuis novembre 2008. Plus tôt, ce sont les violences xénophobes en Afrique du Sud qui ont été relatées.

Efficace, simple et bientôt à la portée de tous

Néanmoins, les informations fournies ne font pas systématiquement l’objet d’un contrôle. « Ce n’est pas toujours facile de vérifier les alertes qui sont recueillies. Quand elles ne le sont pas, cela est clairement indiqué sur la plateforme. Cependant, si cela est possible, les instigateurs de la plateforme confirment l’information auprès de sources médiatiques ou contactent simplement l’émetteur », indique Erik Hersmann. Au total, ce sont plus d’une dizaine d’organisations qui s’en servent. « Bientôt, c’est une structure malgache qui utilisera Ushahidi pour dénoncer les auteurs et les méfaits de la déforestation ». Un autre type de crise qui est la preuve qu’Ushahidi n’est pas applicable qu’aux crises politiques. Seule condition pour utiliser cette première version du logiciel : avoir les ressources techniques nécessaires pour l’installer.

Aventure humaine, technologique et citoyenne, Ushahidi est aussi une source de fierté pour les informaticiens africains, originaires de l’Afrique du Sud, du Kenya ou encore du Ghana, qui ont travaillé sur le projet. « Plus d’une vingtaine de personnes ont participé à l’élaboration de ce logiciel : seules trois ou quatre personnes ne sont pas originaires du continent », précise Erik Hersmann, ce fils adoptif de l’Afrique. L’Américain a été élevé au Kenya et au Soudan par des parents missionnaires. « Aujourd’hui, poursuit-il, notre ambition est d’accéder à la phase Bêta du projet qui permettra au logiciel d’être accessible à un très large public. » Mais avant d’espérer maîtriser l’outil technologique, on peut déjà profiter de ses applications en devenant facilement un témoin .

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