Urgence humanitaire à la prison de Kakwangura en RDC : 1329 détenus pour 220 places


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Prison
Un homme en prison (illustration)

La Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) a lancé un appel urgent concernant la situation catastrophique à la prison de Kakwangura, où 1 329 détenus, dont 27 femmes et 5 nourrissons, vivent dans des conditions inhumaines. Cette prison, conçue pour accueillir seulement 220 personnes, est devenue un véritable « mouroir ».

À la prison de Kakwangura à Butembo, province du Nord-Kivu, en RDC, les détenus souffrent le martyre. Lors d’une récente visite à la maison d’arrêt, la FBCP a constaté que beaucoup parmi les détenus sont contraints de rester debout jusqu’à 20 heures par jour en raison du manque d’espace. Les conséquences de cette surpopulation sont alarmantes : plusieurs d’entre eux souffrent de pieds enflés, provoqués par la station debout prolongée dans des eaux usées issues de la cuisine. En outre, l’infirmerie de la prison a enregistré plus de 900 malades, y compris un mineur de 16 ans, Kambale Jérôme Jacques, qui a été examiné, ce jeudi, par un médecin.

La réaction de Constant Mutamba attendue

Récemment, huit détenus ont été libérés de la prison. Mais le vide laissé a été rapidement comblé par l’arrivée de sept nouveaux détenus. Une situation que le ministre de la Justice, Constant Mutamba, n’a cessé de dénoncer depuis plusieurs semaines. Ce faisant, il s’est mis à dos une importante frange de magistrats qui ne tolèrent pas d’être pointés du doigt comme étant les brebis galeuses de l’appareil judiciaire congolais.

La FBCP, pour sa part, appelle instamment les autorités congolaises et les organisations humanitaires locales et internationales à intervenir pour soulager la détresse des détenus. Elle plaide pour une action rapide afin d’assurer la dignité et la santé des détenus, ainsi que pour des réformes structurelles visant à améliorer les conditions carcérales dans le pays. La situation à Kakwangura est un appel à l’action pour tous ceux qui se préoccupent des droits humains et de la justice en République Démocratique du Congo.

Le chemin à parcourir reste long

La situation des prisons de la RDC, comme celles de la plupart des pays africains, demeure une sérieuse préoccupation au regard des conditions inhumaines dans lesquelles les détenus y sont confinés. C’est pourquoi, depuis sa nomination à la tête du département de la Justice dans le gouvernement Suminwa, Me. Constant Mutamba a fait de l’assainissement de l’appareil judiciaire sa priorité absolue. En tête des actions qu’il mène, il y a le désengorgement des pénitenciers.

Sur ce point, le garde des Sceaux a personnellement supervisé, le 22 septembre dernier, la libération de 1 685 détenus malades de la prison centrale de Makala, à Kinshasa. Cette maison d’arrêt avait défrayé la chronique au début du mois, en raison de la tentative d’évasion de détenus qui s’est transformée en une véritable boucherie avec la mort d’environ 150 pensionnaires des lieux. Construite pour 1 500 détenus à l’origine, la prison centrale de Makala concentrait jusqu’à 15 000 pensionnaires, il y a quelques semaines.

Les actions de libération de prisonniers déployées, ces dernières semaines, à Makala, devront s’étendre à tout le pays, si le ministre de la Justice attend un réel impact de ces actions. Mieux, le ministère de la Justice devra veiller au strict respect de la circulaire interdisant l’envoi en prison de simples suspects. Selon le patron de la Justice et ses collaborateurs, tel que le système judiciaire fonctionne aujourd’hui en RDC, les magistrats, par leurs décisions, annihilent les efforts du gouvernement pour désengorger les prisons. Puisque, « chaque jour, il y a des contingents de véhicules de prisonniers qui arrivent », avait observé Samuel Mbemba, il y a quelques jours.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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