Le partenariat qui lie le Niger au groupe français Areva est « déséquilibré », selon le Premier ministre nigérien. Le pays veut renégocier ses contrats avant la fin du mois d’octobre, date de son échéance.
L’audit engagé au Niger sur les chantiers d’uranium exploités par le groupe français Areva arrive à échéance à la fin du mois d’octobre, a rappelé samedi 5 octobre l’ambassadeur de France à Niamey, Christophe Bouchard. Ce contrat devrait toutefois être renégocié mais sur de nouvelles bases, car selon le Premier ministre du Niger, Brigi Rafini, il est tout simplement « déséquilibré ». Pour M. Rafini, le Niger va « passer au peigne fin » ses contrats miniers avec le géant français Areva, qui exploite l’uranium du pays depuis près d’un demi-siècle. Actuellement, le groupe français exploite par le biais des conventions minières de SOMAÏR et COMINAK, les mines nigériennes pour un contrat actuel de dix ans.
Paradoxalement, les analystes ne comprennent pas comment un pays tel que le Niger, qui compte parmi les plus grands producteurs mondiaux d’uranium, soit en même temps l’un des pays les plus pauvres du monde.
Coup dur pour Areva
Alors que les concessions arrivent bientôt à terme, le Niger a affiché sa volonté de renégocier un contrat cette fois-ci équilibré et favorable aux intérêts du pays. Un coup dur pour Areva, qui exploite au Niger une grande partie de ses activités nucléaires. Le groupe français y a produit l’an dernier 37% de ses 9 760 tonnes d’uranium. Une rentabilité pour la société non négligeable puisqu’elle a rapporté 352 millions d’euros de résultats opérationnels l’an dernier. Ce qui représente 25% du chiffre d’affaires pour l’entreprise.
Des concessions qui dérangent
Ce sont les deux sites d’Areva basés dans le nord du pays qui sont visés dans ce contrat « déséquilibré ». Ceux de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr) et de la Compagnie minière d’Akokan (Cominak). « Nous préparons en particulier la relecture de nos contrats », a informé dimanche à Niamey le Premier ministre. Ces contrats qui « vont arriver à leur terme en fin d’année 2013 » doivent être révisés. « C’est la première fois que nous allons le faire. Cela fait plusieurs décennies que les conventions sont renouvelées automatiquement. Il est question cette fois de (les) mettre sur la table et de les passer au peigne fin pour que le Niger y trouve son compte », a déclaré le chef du gouvernement. Il s’agira, selon lui, de faire en sorte que le partenariat avec Areva soit le mieux équilibré que possible. « Il y a des dispositions pratiques dans ces conventions où nous considérons que le Niger n’est pas dans son droit. Il s’agit de (les) revoir sans complaisance et de mettre en place de (nouvelles) conventions que nous jugerons satisfaisantes pour assurer l’intérêt de notre pays ».
Depuis son élection en 2011, le Président nigérien, Mahamadou Issoufou, a affiché sa volonté d’augmenter fortement les recettes tirées de l’uranium. Elles ont représenté 5% du budget en 2012. Le pays détient 36,4% des parts de Somaïr, qui fournit environ 3 000 tonnes d’uranium par an, et 31% des parts de Cominak, avec une production annuelle de 1 500 tonnes.