L’Université Virtuelle Africaine est un programme d’enseignement à distance utilisant la transmission par satellite. A l’origine orienté vers l’Afrique subsaharienne, l’ancien projet de la Banque Mondiale est aujourd’hui un organisme intergouvernemental qui s’adresse à l’Afrique. Son leitmotiv : des formations de qualité accessibles à tous.
L’Université Virtuelle Africaine (UVA) a vu le jour il y a six ans, sous la forme d’un projet de la Banque Mondiale. Comment se porte aujourd’hui la e-université africaine ? Aissatou Sow, directrice des opérations à l’UVA, répond aux questions d’Afrik.com.
Afrik. com : Quel bilan faites-vous après six ans d’existence ?
Aissatou Sow : L’Université Virtuelle Africaine a connu trois phases. La première a été une phase expérimentale dont les résultats ont été très satisfaisants. Près de 23 000 étudiants ont été formés dont 40% de femmes dans une quinzaine de centres installés dans des pays anglophones ou francophones. La deuxième phase, entre 2001 et 2002, a été notre changement de statut. Nous sommes passés du statut de projet de la Banque Mondiale à une organisation intergouvernementale dont le siège s’est établi à Nairobi (Kenya, ndlr). Nous sommes actuellement dans la troisième phase : celle qui doit déployer des programmes diplomants.
Afrik. com : Lesquels ?
Aissatou Sow : Depuis janvier 2003, nous avons lancé une maîtrise en génie logiciel. Ce programme est dispensé par une université australienne, la Royal Melbourne University of Technology. L’Université canadienne de Laval dispensera le pendant francophone de ce cursus. Le diplôme est délivré par l’Université qui gère la formation. L’UVA proposera des formations en informatique, en santé publique, en management et en administration. La prochaine formation diplomante, dispensée par la Curtim University (Australie), débutera en janvier 2004.
Afrik.com : L’UVA n’était-elle pas censée à l’origine se concentrer sur la formation en sciences et en technologies ? N’avez-vous pas le sentiment de dévier de votre vocation première ?
Aissatou Sow : Notre vocation première est de contribuer à mettre à la disposition des étudiants africains une formation de qualité à un coût abordable. Nous souhaitons développer l’esprit d’entreprenariat au sein de la jeunesse africaine. Nous ne pouvons ignorer les ravages du sida en Afrique, d’où la nécessité de créer des compétences dans ce domaine. Par ailleurs, dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), auquel nous sommes associés, nous serons amenés à former des parlementaires et des agences gouvernementales sur des sujets tels que la démocratie.
Afrik.com : Pourquoi l’UVA est-elle exclusivement tournée vers l’Afrique subsaharienne et semble faire fi de l’Afrique du Nord ?
Aissatou Sow : L’UVA a été initiée dans le cadre d’un projet de la Banque Mondiale, d’où son orientation vers l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, en tant qu’organisme intergouvernemental, nous nous adressons à l’Afrique dans son ensemble. Nous sommes actuellement en pourparlers avec le Maroc qui se propose de financer une formation en ingénierie informatique.
Afrik.com : Il y a plus de pays anglophones que de pays francophones affiliés à l’UVA. Pourquoi ?
Aissatou Sow : Ce phénomène tient simplement au fait que les pays anglophones ont dés le début adhéré au concept de l’UVA. Les pays francophones, quant à eux, se sont interrogés sur la capacité de l’UVA à délivrer un enseignement de qualité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Afrik.com : Les universités formatrices ne sont donc pas uniquement issues des pays du Nord ?
Aissatou Sow : Absolument pas. Nous cherchons avant tout la compétence. Peu importe qu’elle soit du Sud ou du Nord. Les universités qui fournissent des formations à l’UVA sont mises en compétition à partir de critères académiques. Il en est de même pour les universités africaines qui bénéficient de cette formation. En plus des critères académiques, un minimum d’infrastructures est requis. Chaque étudiant doit pouvoir disposer d’un ordinateur et un professeur doit être désigné pour encadrer localement la formation. Un volet transfert de compétences est également prévu au sein de l’UVA. En ce qui concerne la maîtrise en génie logiciel, il est prévu qu’une université africaine prenne la relève.
Afrik.com : Le Soleil, dans son édition du 17 avril, annonçait que 12 millions de dollars canadiens seraient affectés à l’UVA par le Canada. A quoi serviront-ils ?
Aissatou Sow : Le Canada soutient l’UVA depuis ses débuts. Cette somme sera consacrée au développement de nos différentes activités, notamment la mise en place d’autres centres d’apprentissage en Afrique.