1 – INFLUENCES ET IMPACTS DANS LE TEMPS
Continuité de la culture africaine
Nous avons pu constater tout au long de cet exposé que la culture africaine, à travers les univers musicaux créés par les esclaves et leur descendance en Amérique Latine et dans les Caraïbes, était partout présente, même diluée par d’autres manifestations non africaines.
On peut suggérer que les résistances des cultures africaines, menées par les esclaves africains et leurs descendants dans les Amériques, ont permis qu’elles impactent en les irradiant fortement dans le temps, et de manière répétitive, les différentes époques, y compris celle que nous vivons. Cela renvoie à la notion de « continuité de la culture africaine » chère notamment à l’anthropologue et historienne afroaméricaine Sheila Walker. Nous proposons trois temps principaux pour marquer les étapes de réalisation de cette continuité culturelle :
1- Rupture géographique du 17ème au 18ème siècle, période principale de la mise en esclavage avec les enlèvements des africains,
2- Reconstruction, affirmation et maintien du lien identitaire et culturel pendant l’esclavage en Amérique jusqu’aux abolitions en fin du 19ème siècle,
3- Confirmation et consolidation depuis lors de cette continuité culturelle jusqu’à nos jours.
Même s’ils ne formalisent pas ces trois temps de la réalisation de la continuité culturelle de l’Afrique, Samuel A. Floyd Jr. et Néstor Emiro Gómez Ramos y font allusion dans l’article La música negra del círculo caribeño :
« Aux débuts de la diaspora africaine, les mythes et rituels que les africains esclavisés amenèrent avec eux dans les Amériques servirent de connexion avec leurs anciennes religions. Dans les Amériques, les africains transformèrent ces pratiques en de nouvelles formes chargées d’une nouvelle richesse culturelle et une puissante esthétique fonctionnelle. Par conséquent, une forte continuité existait entre les originaires de l’Afrique et-les genres musicaux influencés par cette région étendue –une continuité perpétuée par la cosmologie africaine qui dans certains cas, avec le temps, perdait sa valeur fonctionnelle, mais conservait son résidu esthétique». [1].
Un exemple de cette continuité culturelle est visible dans la présence d’éléments africains des carnavals actuels, sources de revenus touristiques immenses pour de nombreux pays d’Amérique Latine et surtout des Caraïbes. Les esclaves africains et leurs descendants les ont ainsi imprégnés d’un grand nombre d’éléments d’origine africaine, comme les rythmes des tambours africains, les grands pantins, les bâtons de combat, les danseurs sur échasse ou les anciennes traditions africaines consistant à faire le tour des villages en costume et en masques évoqués dans divers documents. Selon les croyances, cette pratique apportait la chance, aidait à résoudre les problèmes, et à calmer les parents qui étaient décédés en colère.
Les traditions de Carnaval ont également emprunté à la tradition africaine consistant à assembler des objets naturels (os, herbes, perles, coquillage, étoffe) pour créer une sculpture, un masque ou un costume, dans lequel chaque objet ou chaque combinaison d’objets représente une certaine idée ou une force spirituelle.
Les plumes étaient fréquemment utilisées par les Africains dans leur patrie sur des masques et des coiffures comme symbole de leur capacité en tant qu’Humains à s’élever au dessus des problèmes, des douleurs, des déchirements, de la maladie, de voyager dans un autre monde pour renaitre et grandir spirituellement. Aujourd’hui, on peut voir les plumes utilisées de nombreuses manières et à de nombreuses occasions dans la création de costumes de carnaval.
Enfin, notons que la continuité de la culture africaine n’est pas cloisonnée dans une discipline. Rappelons simplement ici que les éléments composant la définition du courant littéraire dénommé « afroréalisme » apparu au 20ème siècle, tels que énumérés par Quince Duncan, nous ont servi dans notre description qualificative et qualitative des univers musicaux et de danses crées par les esclaves et leurs descendants entre le 17ème et le 19ème siècle.
2- QUELQUES INFLUENCES ET IMPACTS DANS L’ESPACE
Pour commencer, nous proposons une formalisation générale des processus d’évolutions des univers musicaux créées par les esclaves et leurs descendants, en fonction de leur présence et de leur cheminement dans les sociétés nationales. Il s’agit de faire ressortir leur caractère local, régional, national ou international acquis avec le temps.
Notons que ce processus d’évolution se confond avec le processus de syncrétisation des univers musicaux proposés précédemment. En s’appropriant des éléments des univers musicaux européens et amérindiens dans le processus de syncrétisation, les univers musicaux des esclaves africains et de leurs descendants ont facilité en même temps leur pénétration dans l’ensemble de la société. Ainsi on aura trois possibilités de base.
-a – Exclusivité des univers musicaux et de danse qui sont demeurés restreints au niveau géographique dans une région, ou exclusivement dans la communauté afrodescendante locale, régionale ou nationale et que l’on écoute, produit, apprécie, manifeste exclusivement dans des milieux afros, l’influence principale de la création reste afro.
b – Partage – Appropriation – adaptation – les univers musicaux qui se sont régionalisés ou nationalisés, sortant de leur communauté de création afro, ou du monde afro, pour envahir d’autres communautés, d’autres sphères ethniques, sociales et géographiques. Dans le même cadre on classe les univers musicaux empruntés à d’autres groupes ethniques (amérindiens ou européens). Il y a une appropriation, une adaptation des musiques et des danses des autochtones et des colons européens.
c-Universalisation : À ce niveau, il s’agit des univers musicaux qui sortent totalement de l’influence des communautés afrodescendantes qui l’ont créé. Ils ont subi un mouvement partant de leurs créateurs chez lesquels ils sont populaires, avant de se répandre dans les couches de société populaire, et même de la haute société, au point de devenir une danse, ou une musique que l’on associe peu ou prou aux afrodescendants. Ce phénomène se produit même dans les régions ou les afrodescendants sont très minoritaires. Bien sûr, les éléments caractéristiques africains sont souvent moins présents.
Impacts socioculturels et économiques
Certaines destinations locales, régionales ou nationales en Amérique Latine et dans les Caraïbes se vendent principalement ou en grande partie grâce aux manifestations culturelles des afrodescendants, notamment les univers musicaux et de danse, intégrés dans des circuits touristiques. Pensons à la ville de Bahia au Brésil et aux carnavals dont nous avons parlé.
Des nations entières se confondent avec des univers de musique et de danse créés par les afrodescendants principalement durant la période de l’esclavage ou par la suite, même lorsque ceux-ci sont des minorités.
Aux niveaux nationaux d’abord, ces univers afros ont toujours imprégné la culture de chacune des nations dans lesquelles ils se sont développés. Mais très souvent aussi, ils deviennent universels. Pour illustrer cela, prenons les exemples de la cumbia, du candombe et du tango.
Universalisation de la cumbia
Dans un article de Juillet 2009 intitulé La revanche de la cumbia, François-Xavier Gomez témoigne de la popularité de ce rythme afrocolombien. Dans son introduction, il indique :
« La cumbia, rythme afrocolombien, mélangée à l’électro, est en train d’envahir les pistes de danse un peu partout sur la planète ». [2] Il explique ensuite de quelle manière cette musique a migré de la communauté afrocolombienne vers la Colombie entière, puis vers certains pays d’Amérique Latine, avant d’arriver en Europe du nord notamment.
Impact du tango dans la société argentine.
Si l’on prend exemple du Tango, créé par des noirs argentins vers la fin du 19ième siècle, on s’aperçoit du chemin parcouru au point de devenir le symbole de ce pays où les politiciens autrefois ont tout fait pour effacer la présence noire dans leur pays. Un texte récemment (2009) écrit par Ariel Palacios relate la dimension qu’ont prise cette musique et cette danse d’origine afroargentine :
« Le mot tango est peut-être le mot le plus associé à l’Argentine sur la planète. La crise économique de décembre 2001 fut appelée « l’effet Tango » par la presse mondiale. Le caractère fataliste et pessimiste que beaucoup d’Argentins au quotidien, attribuent à la politique, l’économie et à leurs vies personnelles est également « un tango ».[3]
Le Candombe Afrouruguayen inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité
Une autre preuve de l’impact des univers musicaux créés par les afrodescendants, descendants d’esclaves africains est perçue dans les multiples reconnaissances faites notamment par l’Unesco. En Octobre 2009, une dépêche de l’AFP annonçait ainsi l’entrée du Candombé au Patrimoine Mondial de l’Unesco :
« Le Candombé, musique au rythme vivant d’origine africaine qui est arrivée sur le port de Montevideo, au XVIIIe siècle, a été déclaré mercredi Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité par un comité de l’UNESCO réuni à Abou Dhabi, a appris l’AFP de sources de cette organisation […]».
Compte tenu de l’évolution de ces musiques et danses, qui sont soient restées strictement dans le giron des communautés afrodescendantes ou qui, à l’extrême, ont été apprivoisées par d’autres cultures, notamment européennes, la question de leur originalité peut se poser.
3- QUELQUES CONSÉQUENCES
Même si on a toujours reconnu dans leur pays la contribution culturelle immense des esclaves et de leurs descendants¸ cette reconnaissance a entrainé des conséquences néfastes multiples parmi lesquelles la folklorisation, l’exploitation extérieure de leurs patrimoines et une marginalisation et une discrimination de ces populations.
3-1 -Folklorisation des univers musicaux et de danses d’origines africaines
Comme on a pu le voir, les colons-esclavagistes ont sans cesse essayé d’interdire, de contrôler les manifestations culturelles d’origine africaine pour diverses raisons et prétextes. Ils ont par la suite réussi à atténuer leur force avec le temps, en les folklorisant, en les banalisant, en les désafricanisant, de manière à leur enlever la force politique dont elles regorgeaient.
Il faut noter que le processus de folklorisation comportait à la fois des points négatifs surtout pour les afrodescendants, mais aussi des éléments positifs pour les nations, comme par exemple l’exploitation touristique de ces héritages culturels, qui profite aux états et à quelques grandes compagnies.
Indiquons de plus que les communautés d’esclaves et leurs descendants ont contribué, avec le temps, à cette folklorisation, puisqu’ils ont accepté, par contrainte des contextes, mais aussi par choix, d’intégrer des éléments non africains. La négativité ne provient évidemment pas en soi, de cette ouverture, mais des conséquences qui en ont découlé.
3-2 -Appropriation et exploitation extérieure
Lorsqu’un élément culturel comme la langue ou la musique est adopté par une culture étrangère externe, les conséquences ne sont pas que positives. Pour le pourvoyeur, il y a certes la fierté de faire partager sa création, mais il y a aussi le risque que le receveur la travestisse.
Nous avons évoqué plus haut le cas du candombe qui a donné naissance à la milonga en Argentine. On a alors constaté au bout de ce processus une dénaturation et la perte d’un élément caractéristique des musiques africaines (ici la polyrythmie) qui se reproduisent pour toutes les musiques d’origines africaines ou afrodescendantes qui ont suivi pareille évolution.
Du point de vue économique, on constate que très souvent, ce sont des membres de communautés non afrodescendantes qui les ont créés qui en profitent. Malgré la reconnaissance universelle de leurs patrimoines, qui ont souvent été créés et développés par des communautés entières, ils ne sont rentables aujourd’hui que pour un petit nombre, souvent étranger à la communauté.
Notons ici que le succès économique des univers musicaux créés par les esclaves et leurs descendants se produit très souvent lorsqu’il sort du contexte afrodescendant. Syncrétiques à cause du contexte mais aussi des choix d’ajout et d’appropriation d’éléments non africains par les esclaves, ils intègrent avec le temps des éléments européens et autres qui les rendent universels.
Comme on l’a vu, leurs univers musicaux étaient rejetés car ils représentaient pour la société esclavagiste des pratiques barbares. On constate cependant qu’ils ont été progressivement adoptés dans les milieux des colons, notamment lorsque des éléments des cultures européennes y étaient intégrés de manière plus importante. Un peu comme si avec le temps, ils sont devenus plus civilisés à leurs yeux.
Le parallèle peut être fait avec les musiques d’Afrique, qui pour obtenir un succès international doivent intégrer les éléments qui les rendent mondiales et leur permettent d’entrer dans la catégorie « world music ».
3-3 – Source de discriminations et de marginalisation
Au fil du temps, l’immense force créative culturelle des communautés afrodescendantes a une conséquence paradoxalement négative dans leurs situations sociales, puisqu’on les cantonne dans ce domaine. De nos jours et depuis des siècles, dans toute l’Amérique Latine et très souvent dans les Caraïbes, l’image des noirs est associée à la musique, à la danse et aux sports.
Dans son article intitulé Afroamérica, l’écrivain uruguayen Jorge Majfud indique que
«En Uruguay, par exemple, le candombe et le carnaval ont toujours été identifiés avec les hommes et les femmes noirs. Les deux sont des expressions légitimes et précieuses de notre pays, mais ce genre de spécialisation ethnique contribue également à promouvoir un stéréotype […]. » [4]
Il poursuit en décrivant la discrimination découlant de cette spécialisation à effet stéréotypant :
«Dans mon pays, l’idée monothématique d’un homme noir jouant au tambour et d’une femme noire qui danse à demi nue, comme objet sexuel de consommation interne et pour l’exportation, contribue à restreindre […] la potentialité de la population noire qui ne se présente pas elle-même ainsi, et qui n’est pas vue par les autres comme un acteur dans d’autres sphères de la société.»[5]
Ils ont donc toujours été écartés des véritables pouvoirs, politique et économique. Et même si la force créatrice multidisciplinaire des afrodescendants a toujours joué un rôle politique de libération, elle a rarement pu se déployer dans le domaine politique au point de permettre aux afrodescendants, notamment en Amérique Latine, minoritaires ou non sur leurs territoires, d’occuper des positions de pouvoirs importants en proportion de leurs poids démographiques.
S’ils ont su imprégner le reste des populations des territoires sur lesquels ils se sont retrouvés suite à l’esclavage, tout cela a rarement eu des conséquences positives dans l’acquisition de pouvoirs politique et économique qui leur auraient permis de définir leur avenir, d’avoir un agenda qu’ils auraient pu suivre dans le rythme qu’ils souhaitent, et qui n’auraint pas dépendu de la volonté des autres, même si souvent contrainte par la force de résistance des descendants des esclaves africains manifestée dans leurs cultures.
Signalons enfin la discrimination religieuse actuelle, très fréquente par exemple au Brésil encore de nos jours, et dont souffrent les religions de matrice africaine dans toutes les Amériques et les Caraïbes. Ce phénomène est récurrent depuis la rencontre avec les européens et leurs descendants. Il suffit de voir avec quel succès le vaudou a été décri de manière négative par les réalisateurs d’Hollywood au point où même certains haïtiens s’en détournent de plus en plus.
CONCLUSION
L’objet de ce travail a été de présenter les univers musicaux créés par les esclaves africains et leurs descendants dans les Amériques et les Caraïbes durant l’essentiel de la période de l’esclavage. Nous avons présenté les contextes et environnements dans lesquels se sont déployés ces univers, car ces derniers influencent la création, y compris le contexte de la création lui-même. Par la suite, nous avons ressorti les principales caractéristiques fortes des ces univers musicaux et de danse.
On a pu alors constater que dans leur ensemble, elles ont pour fondement essentiel la notion de démocratie culturelle. Nous suggérons que compte tenu du fait que l’on retrouve cette notion dans les univers musicaux et de danses créés par les esclaves et leurs descendants, et compte tenu ensuite du fait que ces univers crées étaient présents et constituaient même l’essentiel de l’ensemble des manifestations de leurs vies et de leurs vies jusqu’à la mort, elle (la démocratie culturelle) constitue non seulement une réalité propre à ces esclaves et à leurs descendants de nos jours, mais elle est également une réalité fondamentale de l’Afrique actuelle et ancestrale, compte tenu notamment de la continuité culturelle qui unit ces apparentes solitudes géographiques et parfois historiques, dans le cadre d’un universel nègre africain.
Nous avons enfin pu constater de quelle manière, les esclaves africains et leurs descendants ont à leur tour influencé, impacté, imprégné leur nouveau territoire, dans le temps, dans l’espace, avec force. Nous avons constaté aussi les revers de cette immense irradiation culturelle
Et au-vu de ces constats précédents, on ne saurait manquer de relever la possibilité, la nécessité, pour les mondes noirs, africains et de la diaspora africaine d’aller étudier les structures caractéristiques de ces musiques redéployées, créées, réinventées par les afrodescendants des Amériques et des Caraïbes pour redéfinir et réorienter leur destin, dans un monde que l’on dit devenu planétaire.
Propres aux univers musicaux et de danse des esclaves africains et de leurs descendants entre le 17ème et le 19ème siècle au-delà de la musique, du chant et de la danse, la malléabilité, la participation communautaire, la place laissée à l’improvisation, la structure dialogique omniprésente, l’humilité conférée par la satire, l’ancrage à toutes les manifestations de la vie et l’ouverture choisie aux univers européens et amérindiens démontrent le caractère séculaire de la démocratie, de la liberté à l’africaine, différente de la vision qu’on impose notamment de nos jours aux États-Africains des points de vue politique notamment.
Lire aussi : Introduction : Univers musicaux des afrodescendants du 17-19 ème siècles et Démocratie Culturelle
Bibliographie
1 – Alberto Degan -“La danza de amor” –
2 – Carlos Sempat Assadourian – Modos de producción en América Latina – Siglo xxi Editores Argentina
3, 4 – La mujer afrocolombiana participo en la construction de una identitdad naciona l
5 – Centro de Pastoral Afrocolombiana – Nueva Historia –Organizacion et resistencia
6- History of Music in Barbados –
7 – Georges Andrew Reid – Afro-Latin America 1800-2000 – OxfordUniversity Press
8 – Mabel Alicia Crego – “Negras y Mulatas en Buenos Aires Colonial »-
9, 16 – Luciano Agra -A música afro-brasileira como representação …–
10, 24 – Samuel A. Floyd Jr.-Nestor Emiro Gomez Ramos – La música negra del círculo caribeño
11- Jaime Arocha – Los negros expertos en el Bricolaje- Universidad Nacional de Colombia
12-Juan De Marcos González – Entrevue dans La Opinion de Murcia
13, 15, 17 – Fabio Sambartolomeo – Sonidos, ecos y resonancias del Océano- Revista Quilombo 30
14 – Paula Inés Picarel : El gesto de la danza afro, Revista Quilombo –
18 – IX Encuentro de Pastoral Afroamericana – La mujer negra en Colombia –Historia de la mujer negra desde su llegada a America –
19 – Jake Gold – Paranda –
20 – Garry Leech – Africa in Colombia: The First Free Black Community in the Americas Continues Its Struggle – London Progressive Journal
21 – Quince Duncan – El Afrorealismo, una dimensión nueva de la literatura latinoamericana
22- Rubén Carámbula – El Candombe, Ediciones Del Sol
25- François-Xavier Gomez – La revanche de la cumbia – Journal Libération
26 – Ariel Palacios – Tango, una forma de caminhar pela vida
27,28 – Jorge Majfud – Afroamérica –
[2] – Paragr. 1
[3] Tango, uma forma de caminhar pela vida – Paragr. 7
[4] – Afroamérica – Paragr.1
[5] – Afroamérica – Paragr. 3