Union Africaine : la Mauritanie achève sa présidence avec un bilan marqué par la médiation des conflits


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Le Président de la Mauritanie, Mohamed El-Ghazouani
Le Président de la Mauritanie, Mohamed El-Ghazouani

Après un an à la tête de l’UA, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani laisse une organisation renforcée dans son rôle de médiateur continental. De la crise soudanaise aux tensions en RDC, la présidence mauritanienne a multiplié les initiatives diplomatiques.

Élue en février 2024 à la présidence tournante de l’Union africaine (UA), la Mauritanie succédait alors au Comores dans un contexte marqué par la multiplication des crises sur le continent. Cette désignation, fruit d’un consensus au sein de l’Afrique du Nord, récompensait les efforts de stabilisation menés par Nouakchott dans la région sahélienne.
« Notre continent fait face à des défis sans précédent qui exigent des réponses coordonnées et innovantes », déclarait Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani lors de son discours d’investiture à Addis-Abeba. Une feuille de route ambitieuse était alors dévoilée, articulée autour de quatre priorités : l’éducation, la résolution des conflits, la gestion des ressources naturelles et la sécurité alimentaire.

L’éducation au cœur des préoccupations

Le sommet de Nouakchott sur l’éducation, tenu en juillet 2024, a marqué un tournant. « Nous ne pouvons plus accepter que 60% de nos jeunes n’aient pas accès à une formation qualifiante », soulignait alors de nombreuses voix. Le sommet a débouché sur l’adoption d’un plan quinquennal prévoyant notamment la création d’un fonds panafricain pour l’éducation doté de 2 milliards de dollars.

La présidence mauritanienne s’est distinguée par son engagement dans la résolution des conflits. À Nouakchott, une conférence internationale sur le Soudan a réuni en octobre 2024 les principales factions belligérantes, aboutissant à un accord de principe pour un couloir humanitaire. En RDC, l’envoyé spécial de l’UA a effectué douze missions de médiation, contribuant à une désescalade temporaire des violences dans l’Est du pays.

Les défis de la succession

Sur le plan économique, le sommet d’Abidjan de septembre 2024 a permis d’adopter une position commune africaine sur la réforme du système financier international. « L’Afrique doit parler d’une seule voix pour faire entendre ses intérêts« , insistait alors le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat.

Alors que l’Angolais João Lourenço s’apprête à prendre la présidence en février 2025, plusieurs chantiers restent en suspens. La mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU figurent parmi les priorités héritées de la présidence mauritanienne.

« La Mauritanie a su donner un nouveau souffle à notre organisation« , estime un diplomate africain basé à Addis-Abeba. Un dynamisme qui devra être maintenu face aux multiples défis qui attendent le continent : transitions politiques au Sahel, conflits persistants dans la Corne de l’Afrique et enjeux climatiques croissants.

Zainab Musa
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Zainab Musa est une journaliste collaborant avec afrik.com, spécialisée dans l'actualité politique, économique et sociale du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest. À travers ses enquêtes approfondies et ses analyses percutantes, elle met en lumière des sujets sensibles tels que la corruption, les tensions géopolitiques, les enjeux environnementaux et les défis de la transition énergétique. Ses articles traitent également des évolutions sociétales et culturelles, notamment à travers des reportages sur les figures influentes du Maroc et de l’Algérie. Son approche rigoureuse et son regard critique font d’elle une voix incontournable du journalisme africain francophone.
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