Denis Sassou N’Guesso assurera la présidence de l’Union Africaine (U.A) pour 2006. Le Président congolais succède à Olusegun Obasanjo au terme du sommet de l’U.A qui s’est tenu lundi et mardi à Khartoum. Traditionnellement c’est le pays hôte qui prend le relais de la présidence. Mais le Président soudanais, fortement critiqué en Afrique et en Occident, sur fond de crise au Darfour, a accepté de repousser son mandat pour 2007.
Par Morad Ouasti
C’est le chef d’Etat congolais Denis Sassou N’Guesso qui assurera la présidence de L’Union Adricaine en 2006. Il succède à son homologue nigérian Olusegun Obasanjo. Un compromis a été trouvé au dernier jour du sommet, mardi, de l’organisation panafricaine à Khartoum, la capitale soudanaise. C’est d’habitude le pays hôte qui prend le relais de la présidence. Toutefois, le Soudan, très décrié par la Communauté internationale quant à son rôle dans le conflit du Darfour, a accepté d’attendre 2007 pour assumer un mandat continental.
Les vrais problèmes éludés
Une commission composée de cinq pays membres (le Gabon, l’Ethiopie, l’Algérie, le Botswana et le Nigeria) avait été créée pour répondre à la question de la succession de la présidence de l’U.A, que le Soudan convoitait. Le chef de l’Etat soudanais, Omar Al-Bachir, avait annoncé, dans un premier temps, qu’il était prêt à retirer sa candidature pour préserver la règle du consensus au sein de l’U.A. Les spéculations ont alors fusé quant à une nouvelle prolongation du mandat du Président en exercice Olusegun Obasanjo (son mandat avait été prolongé une première fois en janvier 2005) ou la nomination du Président Sassou N’Guesso. C’est finalement ce dernier qui apparaît désormais comme l’homme fort de la scène diplomatique africaine, puisqu’il préside depuis 2004 la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) et que le Congo est également, depuis janvier et pour deux ans, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Le sommet a quelque peu été phagocyté par ce blocage institutionnel qui a empêché de débattre des questions brûlantes, dont le conflit du Darfour. Rappelons que les hostilités ont fait, en trois ans, entre 180 000 et 300 000 morts et 2 millions de déplacés. De nombreux rapports mettent en cause le rôle des autorités de Khartoum dans les massacres. Au second plan également le retour des troubles en Côte d’Ivoire ou encore le conflit soudano-tchadien qui n’ont pas été concrètement abordés.
Omar Al-Bachir en 2007 ?
Le Président américain, George W.Bush, avait fait part lundi de son scepticisme quant à l’idée que le Soudan accède à la présidence. Il avait déclaré que si le gouvernement soudanais prennait la présidence de l’U.A, qui a déployé 7 000 militaires au Soudan, cela reviendrait « à en faire le chef des troupes ». Jan Pronk, le représentant du secrétaire général de l’ONU au Soudan avait appelé, dimanche, à Khartoum, les personnes engagées dans le conflit du Darfour ainsi que l’U.A à fixer une nouvelle date butoir pour la conclusion d’un accord de paix.
Si Omar Al-Bachir a renoncé à briguer un mandat à la présidence de l’Union Africaine pour enrayer une crise diplomatique, il entend toutefois en prendre les rênes pour l’année 2007. Ce dont doute Jendayi Frazer, la principale conseillère du Président Bush pour l’Afrique, et Reed Brody un porte-parole de l’ONG Human Rights Watch à Khartoum, si la situation ne change pas au Darfour.