Une employée française de l’ONG Action Contre la faim (ACF) a été tuée par balles et une autre grièvement blessée dans la nuit du 31 décembre, au Burundi. Les motifs de cette agression restent pour l’heure inconnus. L’organisation humanitaire a décidé de suspendre ses activités dans le pays.
Agnès, 31 ans, psychologue française œuvrant pour le compte de l’organisation humanitaire Action contre la faim (ACF), a été assassinée lundi soir au Burundi où elle travaillait depuis le mois de juillet dernier. Elle circulait dans un 4X4 arborant le logo de l’ONG, en compagnie de deux Françaises et deux Burundaises lorsqu’un homme a ouvert le feu sur elles. « Trois Françaises travaillant pour ACF étaient en train de reconduire deux collègues burundaises vers 19H20 (17H20 GMT) au chef-lieu de la province de Ruyigi (lorsque) tout à coup un homme a surgi et mitraillé leur véhicule, blessant deux Françaises parmi ces expatriées », a déclaré à le porte-parole de la police burundaise, Pierre Chanel Ntarabaganyi.
Une autre française, prénommée Oda, a été grièvement blessée lors de cette attaque, selon la même source. Elle se trouve actuellement en soins intensifs dans un hôpital de Bujumbura où elle a été immédiatement évacuée. La police n’a pas livré à la presse les noms de familles des travailleuses humanitaires blessées et tuées.
Une enquête a été aussitôt ouverte pour identifier les auteurs et le mobile exact du crime qui pour l’heure reste inconnu. « Cette tragédie s’est passée dans des circonstances non encore élucidées: est-ce qu’il s’agit d’une tentative de vol qui a mal tourné, est-ce que ces expatriées étaient visées? Une enquête est en cours pour identifier et retrouver cet assassin », a dit le porte-parole de la Police nationale.
Si la volonté de tuer paraît claire, les motifs restent inconnus
Selon Balthazar Miburo, un journaliste d’une radio locale privée qui s’est rendu sur les lieux quelques minutes après le meurtre, « des témoins assurent qu’il y avait deux assaillants qui attendaient le véhicule d’ACF dans un tournant, puis ils ont mitraillé le 4X4 de deux côtés ». Selon lui, « ils se sont ensuite enfuis, sans chercher à voler quelque chose, (…), comme si toute cette affaire n’avait pour but que de tuer ».
« On ne sait pas si on était visés en tant qu’humanitaires, en tant qu’Action contre la faim, si on s’est retrouvés là sous le coup de balles ou d’un accident. C’est impossible à dire. Il y a plusieurs hypothèses. Aucune n’est à privilégier », a confié mardi François Danel, directeur général d’Action contre la Faim, sur la radio privée française Europe 1. ACF, présente au Burundi depuis 1994, a annoncé que tous ses programmes avaient été « temporairement suspendus ». Cependant, l’ONG n’envisage pas d’évacuer ses équipes pour le moment.
A la veille du Réveillon, la Police avait avisé que des groupes de criminels allaient perturber la fête de Nouvel An. En effet, la province de Ruyigi connaît une criminalité galopante. Au moins six personnes y ont été tuées par balles au cours des dix derniers jours, selon des sources policières. Le 22 novembre dernier, des membres de la communauté chinoise avaient manifesté devant la présidence burundaise pour réclamer plus de sécurité après le meurtre d’un de leurs compatriotes. Sortant difficilement d’une guerre civile qui a fait 300 000 morts depuis 1993, le Burundi demeure instable.
Dans des communiqués, le Président français Nicolas Sarkozy et le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ont condamné « fermement » l’attaque et demandé « aux autorités burundaises de faire toute la lumière sur ce crime ».