Le Groupe de Réflexion et d’Action contre la Vie chère et des Droits Economiques et Sociaux Culturels au Togo (GRAVDESC), une organisation issue de la société civile, a appelé, ce vendredi, les Togolais à rester chez eux. Sans grand succès. Reportage.
L’opération « Togo mort » lancée par le Groupe de Réflexion et d’Action contre la Vie chère et des Droits Economiques et Sociaux Culturels au Togo (GRAVDESC) n’est pas une réussite nette. Le mot d’ordre de ce regroupement d’associations de consommateurs et de défense des droits de l’homme était pourtant simple : manifester pacifiquement son inquiétude face à la cherté de la vie en ne se rendant pas au travail ou à ses activités habituelles. Aujourd’hui, si la journée a été relativement suivie au centre de la capitale, et cela jusqu’aux environs de quinze heures de l’après-midi, la population est davantage sortie de chez elle depuis cette heure-ci.
Plusieurs artères de la ville sont tout de même restées peu fréquentées, comme c’est le cas du très fréquenté « boulevard du 13 janvier ». Globalement, cette journée n’a pas été suivie de manière uniforme dans toute la ville. En effet, la situation est restée quasi-normale dans les administrations tandis que plusieurs fermetures ont été observées dans le secteur privé même si quelques unes d’entre elles ont débouché sur plusieurs ouvertures en cours de journée. Globalement, les zémidjans (conducteurs de taxi-motos) ne sont pas restés à la maison mais ce fut davantage le cas des taximen.
Dans l’intérieur du pays, l’information n’est apparemment pas parvenu jusqu’aux populations qui n’ont majoritairement pas tenues compte de la journée « Togo-Mort ». Toutefois, en l’absence de données chiffrées, il reste difficile d’établir un bilan précis.
De l’avis du GRAVDESC, il s’agit tout de même d’une réussite. « Nous l’avons dit, cette journée est une journée où chacun doit laisser son frère ou sa sœur vaquer à ses occupations si ce dernier le souhaite » souligne Jérôme Amékoudji, président de l’Association Togolaise des Droits de l’Homme (ATDH) et porte-parole du groupe. « Ainsi, ceux qui veulent aller au boulot sont allés au boulot et ceux qui veulent rester à la maison sont restés à la maison. Mais tout c’est passé dans le calme, dans la paix. Je suis satisfait car c’est tout de même une journée de prise de conscience ».
Une journée timidement suivie
Pour ce groupe, sa motivation se basait sur le fait que la situation du citoyen togolais est critique. Selon ce dernier, en 25 ans, la grille des salaires n’a augmenté que de 10% en valeur nominale comparativement aux prix des denrées alimentaires, du logement, des transports ou encore des consultations médicales du pays. Il y a deux jours, lors de discutions avec des membres du gouvernement qui les avaient vivement incités à renoncer à cet appel, le GRAVDESC avait mis en avant une revendication préalable à une marche arrière: le retour au prix initial de 505 F CFA (0,77 euros) du prix du litre de carburant.
N’étant pas tombé d’accord à ce sujet, la journée avait été maintenue.
Rappelons que des manifestations violentes de taxis et taxis-motos avaient éclaté au début du mois de juillet denier à Lomé suite cette augmentation. Le prix étant passé de 505 F CFA (0,77 euros) à 585 F CFA (0,89 euros). Suite à des négociations, le prix avait été rabaissé de 20 F (0,03 euros), il est maintenant à 565 F CFA (0,86 euros). Selon eux, cette hausse est à l’origine de la hausse des tarifs des transports, et, par conséquent, de la hausse des prix des biens de première nécessité.
Pourtant, il faut rappeler que par le passé, ces journées ont été largement suivies. Ce fut le cas durant le début des années 1990 où elles contribués à faire accéder le pays à plus de démocratie. Aussi, la dernière journée de ce type date du 2 juillet 2010, tout juste après la hausse des prix à la pompe. La colère toute récente des Togolais avait permis que cette journée soit majoritairement suivie.