Une minute de silence dans les boîtes de nuit parisiennes pour commémorer l’esclavage


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arton8415

Cinq boîtes de nuits afro-caribéennes parisiennes ont spontanément accepté de faire une minute de silence à 2 heures du matin dans la nuit de samedi à dimanche, pour commémorer les victimes de l’esclavage et de la traite négrière. L’initiative de W., qui souhaite rester anonyme, a tout de suite été adoptée. Elle servira par ailleurs à annoncer la grande marche de dimanche, 14h place de la République, à la mémoire de l’abolition de l’esclavage.

L’Atlantis, l’Etage, le BB Antilles, Le Galion et le Cap Sud éteindront tous simultanément leur sono à 2 heures du matin précise dans la nuit de samedi à dimanche pour commémorer l’abolition de l’esclavage (22 mai 1848). Une idée simple, forte et efficace que l’on doit à W., qui juge inutile de s’en attribuer la paternité. L’occasion également de rappeler la grande marche de dimanche, à 14 h place de la République.

« Tout est parti d’une discussion avec mon ami, très engagé dans le milieu associatif afro, explique la jeune femme. Il fulmine toujours quant à la situation des Noirs en France et à travers le monde. Je me suis demandée comment son combat pouvait directement toucher les gens de la communauté. Comme je suis une habituée des boîtes de nuit, je me suis dit qu’une minute de silence synchronisée à 2 heures du matin dans différents établissements serait un geste symbolique très fort. »

« Je pensais que ça allait être plus difficile »

Pas évident de demander à un patron de boîte de couper le son quand l’ambiance est à son paroxysme sur la piste. C’est du moins ce que W. pensait. « Je pensais que ça allait être plus difficile que ça, parce que les boîtes de nuit sont des lieux où les gens sont là avant tout pour s’amuser… Et il faut dire que le contraste entre la musique à fond et une minute de silence est pour le moins marqué. Mais tous les responsables ont répondu présents à mon appel et ont salué l’idée en se demandant pourquoi ils n’y avaient pas pensé plus tôt. »

Elle tient à remercier Ben, un des associés de l’Atlantis, a qui elle a exposé le concept. « Il est important de préciser que c’est un Blanc, tient-elle à rajouter. Il m’a dit oui tout de suite et a expliqué qu’il ne pouvait passer à côté de ça. Sans même consulter ses autres associés. » Thierry et Claude, le patron, l’ont d’ailleurs suivi à 100%. Au BB Antilles c’est à Fabou, un des membres de l’équipe, qu’elle a parlé de la minute de silence. « Lui-même observe d’habitude en privé une minute de silence avec ses amis pour commémorer à sa façon le drame de l’esclavage. » Quand on demande à W. de quelle origine est Fabou, elle répond justement que ce n’est pas important. « On est tous noirs. Evoquer les nationalités, créée la division. Cette division que certains ont toujours opéré pour mieux régner. »

« Même si le patron n’est pas d’accord, nous on est black et ça se fera »

A L’Etage, c’est Berthine, une amie du copain de W. qui a joué l’intermédiaire. Au Cap Sud, c’est à son vieil ami DJ Marc qu’elle s’est adressée. Encore une fois, le message passe sans problème. Au Galion, le videur Bakary n’en demande également pas plus. « Même si le patron n’est pas d’accord, nous on est black et ça se fera », lui aurait-il répondu. Mais les dirigeants n’y ont vu aucune objection.

La minute de silence servira aussi à annoncer la grande marche de dimanche, 14 h place de la République, pour célébrer l’abolition de l’esclavage. Parallèlement d’autres initiatives d’envergure se dérouleront dans la capitale. Notamment les manifestations pour imposer le 23 mai comme « Journée nationale du souvenir des victimes de l’esclavage colonial ». Mais pour W, le combat va bien au-delà du choix d’une simple date. Elle estime que le fait de ne plus faire de distinction entre les Africains et les diasporas serait déjà une grande avancée pour bâtir une communauté forte qui aurait son mot à dire et surtout les moyens de se faire entendre.

 Pour connaître le programme complet pour la Journée nationale du souvenir des victimes de l’esclavage colonial.

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