Les consommateurs marocains tirent la sonnette d’alarme. Un groupe sur Facebook est à l’initiative de la journée nationale sans téléphone portable, prévue le 30 mai prochain. Cette action consiste à éteindre son mobile pour protester contre le coût trop élevé des communications des opérateurs.
Adieu messagerie, répertoire, organisateur… Pendant une journée, des Marocains ont décidé d’abandonner leur cher téléphone portable. Un moyen efficace de dénoncer les coûts de communications trop élevés. Selon le rapport d’Arab advisors Group et du World Economic Forum sur les NTIC, les prix des appels téléphoniques pratiqués au Maroc se classeraient parmi les plus chers du monde arabe. Un constat amer pour les Marocains. « On en a marre. Nous ne sommes pas des vaches à lait, les opérateurs doivent baisser leur prix pour que l’on puisse appeler à des tarifs raisonnables », s’énerve Anas B. El Filali, à l’initiative de cette journée d’action.
Ce docteur en médecine, employé dans une entreprise de recherche et développement pharmaceutique, a choisi le réseau communautaire Facebook pour pousser “un coup de gueule”. « Les parlementaires ne font rien pour préserver les intérêts des consommateurs et les médias qui ont souvent comme annonceurs des opérateurs de télécoms n’osent pas parler de la situation. Facebook semblait du coup la meilleure solution pour mobiliser les Marocains et sensibiliser l’opinion publique », explique-t-il.
Maroc Telecom en ligne de mire
Au Maroc, trois opérateurs se partagent le marché de la téléphonie mobile : Maroc Telecom, Meditel et Inwi. Ici, pas de concurrence. Quelque soit l’opérateur, les coûts des communications s’échelonnent entre 3 dirhams (environ 30 centimes d’euros) et 5 dirhams (environ 50 centimes d’euros) la minute, en journée. « Inwi et Meditel sont obligés d’utiliser le réseau de Maroc Telecom qui le facture très cher. C’est pour cela qu’ils ne peuvent pas baisser leurs coûts », précise Anas B. El Filali.
Maroc Telecom, l’opérateur historique, représente 5% du PIB national et a enregistré lors du 1er trimestre 2010, un chiffre d’affaires consolidé de 7,44 milliards de dirhams (672 millions d’euros), en hausse de 4,3% par rapport à 2009 dans un marché saturé. Une croissance qui serait due à l’intervention de l’Etat marocain qui détient 30% du capital de Maroc Telecom. Pour Anas B. El Filali, même si Maroc Telecom est un opérateur privé, l’Etat garde un œil sur ses investissements. « L’un de nos ministres se trouve au conseil de surveillance ce qui crée des conflits d’intérêts », indique-t-il.
Pour rendre compte des tarifs élevés du Maroc, Anas B. El Filali a procédé à une comparaison sur son blog intitulé Big Brother. Le coût des communications de Maroc Telecom est de 1 à 1,5 fois plus cher que chez sa filiale malienne Sotelma/Malitel. Par exemple pour un appel mobile en prépayé, le Marocain payera entre 3,6 à 4,8 dirhams la minute, contre 1,5 à 1,83 dirhams la minute pour le Malien.
Face à ce constat, les Marocains n’ont pas hésité à se mobiliser. Résultat, en à peine un mois d’existence, le groupe Facebook pour la journée nationale sans portable compte déjà 29 414 adhérents. « Tout le monde en parle. Dans la rue à Rabat, à Casablanca, cette initiative survit au-delà d’internet », conclut Anas B. El Filali qui prévoit d’autres actions de ce genre pour le courant de l’année.