Le premier grand show du troisième Festival panafricain de musique a enflammé Brazzaville. Une soirée mandingue de feu avec l’ensemble instrumental national de Guinée et la divine sénégalaise Coumba Gawlo. La capitale congolaise est conquise : et les festivités ne viennent que de commencer.
La clim, à enrhumer un esquimau, du Palais du Parlement de Brazzaville n’y a rien fait. L’ambiance était chaude, dimanche, dans la capitale congolaise pour la première grande soirée du troisième Festival panafricain de musique (Fespam). Une soirée complète… mandingue pour un public en folie.
L’ensemble instrumental national de Guinée (EING) et la féline sénégalaise Coumba Gawlo ont fait honneur à la danse et à la musique avec un spectacle haut en couleurs, haut en saveurs, de près de trois heures. Une belle entrée en matière pour la semaine a venir.
100% traditionnel, 100% festif
Au commencement étaient les instruments. Tous traditionnels. Et si l’on reconnaît sans peine les deux immenses balafons au centre de la formation guinéenne on a plus de mal à mettre un nom sur cet étrange violon à une corde ou cette drôle de flûte en bambou terminée par une petite calebasse. Instruments oubliés pour des sonorités à la force rythmique bien actuelle.
Huit musiciens sur scène dans leurs oeuvres et la salle se réchauffe avec déjà la sensation de ne pas avoir fait le déplacement pour rien. Puis une chanteuse s’en mêle et puis une autre, boubou de fête et la voix haute, le public apprécie. C’est alors qu’elles apparaissent pour s’accaparer l’espace. Eves d’Afrique drapées dans leurs robes en wax, tantôt blanches, tantôt gris bleu. Elles dansent, et divinement bien. Huit femmes femmes, loin de l’esthétisme sculptural des Spices girls, mais à la grâce et à l’harmonie sans pareilles. Mouvements amples, généreux, si bien qu’on les imagine naturels, spontanés. Et quand le rythme s’accélère, les déhanchements redoublent. La foule exulte, prise dans un tourbillon où danse et musique ne font plus qu’un.
La panthère sénégalaise
Les festivaliers brazzavillois saluent chaleureusement la Guinée et ses talents, le rideau tombe sous un tonnerre d’applaudissements. Entracte. Ils sont venus pour elle, ils l’attendent, impatients. Il faut lui préparer la scène, pour elle et ses musiciens. Problème technique, aléa et contretemps du Live, les deux ambianceurs de la soirée, la Sénégalaise Seynabou Sy – présentatrice vedette de MCM Africa – et l’éloquent Jimmy – homme de radio et animateur à la télé béninoise – font ce qu’ils peuvent pour contenir l’attente d’un public sous pression. Ils meublent. Développant des trésors d’imagination pour chauffer une salle déjà chaude. Mais elle le sera plus encore, car enfin elle arrive, elle est là : Coumba Gawlo. Inutile de vous décrire l’accueil.
Elle apparaît, élancée, toute vêtue de noir. Son bustier fourreau à paillettes dégage des épaules nues et met en valeur son gracieux port de tête. Sourire angélique, complice, chaleureux, Coumba à quelque chose d’incendiaire, d’électrique. Elle va mettre le feu au Palais du Parlement.
Artiste pyromane
Les inconditionnels sont aux premiers rangs. Les yeux brillants pleins d’une fièvre que l’on pouvait à peine soupçonner, ils s’en prennent, le geste haut, aux photographes debout devant la scène qui mitraillent la star. Ils leur bouchent la vue et gâchent ces instants si précieux. Excitation bon enfant, toutefois, car ils sont tous sous le charme.
Au fil des chansons, Coumba s’installe dans la soirée, captivant son auditoire par ses vocalises… et par ses tours de reins sensuels. Certains montent sur la scène pour l’embrasser ou lui glisser des billets, elle est là, sereine et souriante, humble et accessible. Elle aime son public et il le lui rend bien.
En état de grâce, elle s’octroie en pleine représentation un chaleureux bain de foule. Au grand désespoir du service de sécurité, impuissant à contrôler la houle d’enthousiasme autour de la panthère sénégalaise. Inutile, l’admiration, le respect et l’esprit de fête sont là comme uniques garde-fous. N’étaient les responsables de la soirée, qui préféraient arrêter le spectacle pour minuit, elle aurait pu continuer jusqu’au petit matin. Tant pis pour ses fans, tant pis pour la musique, tant pis pour le show. Mais la fin des réjouissances célèbre l’ouverture d’un Fespam 2001 qui s’annonce d’ores et déjà comme un bon cru.