Remarquée par Mathieu Kérékou, Cica Anne Ajaï ne rend compte qu’au président de ses investigations anti-corruption. Les suites judiciaires du travail de la cellule n’en sont pas moins impressionnantes.
Au Bénin, Cica Anne Ajaï préside la cellule de moralisation de la vie publique créée en 1996. Selon sa présidente, cette cellule émane directement de la volonté du président Mathieu Kérékou, pour qui l’assainissement des finances publiques est capital pour le développement économique.
Cica Anne Ajaï, après avoir étudié la gestion des entreprises au Bénin, s’occupe de la direction administrative et financière de l’Agence de Surveillance de l’Espace et de la Navigation Aérienne. Elle fait un passage au ministère des Travaux Publics puis elle devient chef du service matériel du département des transports. Sa connaissance de la comptabilité lui permet vite de voir à quel point la gestion n’est pas seule responsable d’occasionnelles pertes. C’est à ce moment là que Ahanhazo Glele, président du sous-comité aux transports du sommet de la francophonie de 1996 la sollicite. Son action y est particulièrement remarquée, au point que le président Mathieu Kérékou lui donne rendez-vous afin de s’entretenir avec elle de la lutte contre la corruption.
Après un court séjour de Cica Anne Ajaï aux relations publiques de la présidence, le décret de création de la cellule paraît. Il établit clairement que cette dernière est rattachée directement au chef de l’Etat, sans aucun intermédiaire dans l’instruction des dossiers. La cellule peut répondre à des plaintes mais est aussi capable d’auto-saisine. » Jusqu’ici, précise la présidente de la cellule, le président m’a laissé toute liberté dans mes initiatives, se contentant d’un très court rapport pour éviter les fuites jusqu’à la présentation d’un rapport complet, fourni en preuves solides « . La commission ne communique ses résultats qu’avec des preuves irréfutables à l’appui. Un des collaborateurs de Mme Ajaï estime qu’à ce jour, le » patron » a toujours été content des dossiers présentés.
Renouveau
Une fois le dossier présenté, la cellule perd le contrôle absolu de l’affaire. Le ministère de la justice n’hésite pas à prendre le relais, comme le montre le nombre d’incarcérations occasionné par le dossier actuel » des 110 milliards « . Une rencontre avec le procureur de la République fin mai a conforté la présidente dans sa mission. Pour finir de rassurer les sceptiques, on pourrait signaler que le propre chef de la sécurité du président a été placé sous mandat de dépôt en juillet. On pourrait aussi rappeler le renvoi de l’ancien directeur général des douanes en mai dernier ce qui, explique-t-on à l’ambassade de France à Cotonou, est un signe flagrant du désir de mieux utiliser les fonds publics.
L’effort soutenu depuis plus de 4 ans a vu le personnel de la cellule sacrifier sa vie de famille. Mais la récompense est proche avec l’annonce d’un nouveau siège pour la cellule et l’embauche de personnel supplémentaire prévu pour l’année prochaine. L’institutionnalisation de cet organe pourrait confirmer le renouveau de la démocratie au Bénin.