Le ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Cheikh Tidiane Gadio, a regretté ce mardi à Dakar, l’attitude de l’Union européenne, « qui cherche à prendre des mesures pour se refermer sur elle-même, au lieu de nouer un partenariat stratégique avec l’Afrique convoitée de plus en plus par les autres grandes puissances ».
« L’Afrique est bien le continent de l’avenir », a soutenu M. Gadio, qui donnait une communication sur le thème « l’Afrique au 21ème siècle », à l’occasion de la rencontre des directeurs de télévisions publiques d’Afrique francophone, dans le cadre du Réseau de l’audiovisuel d’Afrique francophone (RAPAF).
« Il y a une ruée vers l’Afrique qui prouve que l’Afrique est le continent de l’avenir », a-t-il estimé, avant d’ajouter que « le théâtre des rivalités entre les grandes puissances et les puissances émergentes s’est déplacé vers l’Afrique », citant l’intérêt croissant de la Chine, de l’Inde et du Brésil pour l’Afrique.
Pour Cheikh Tidiane Gadio, citant des spécialistes de la géopolitique, d’ici quelques années, 25 % des importations de pétrole des Etats-Unis proviendront du Golfe de Guinée.
« Malheureusement, seuls nos partenaires européens et certains africains n’ont pas compris ce processus », a déploré le chef de la diplomatie sénégalaise. Il a fait remarquer que l’intérêt de toutes ces puissances pour l’Afrique réside dans les « atouts multiples » dont dispose le continent noir.
Les conflits sont des soubresauts d’une époque qui se referme
« Tous les continents, même la Chine, sont marqués par le vieillissement de leur population contrairement à l’Afrique », a-t-il illustré, ajoutant que cette jeunesse de la population africaine suscite de la peur à l’Europe qui, à travers les mesures que veulent préconiser la France, (empêcher le regroupement familial, empêcher les régularisations massives, expulser davantage d’émigrés), se referme sur elle-même.
Pour le ministre sénégalais des Affaires étrangères, « l’Afrique n’a pas fait pire que l’Europe au début du 20ème siècle ».
La situation de l’Occident était marquée par des guerres qui ont fait plus de 5 millions de morts pour la Grande guerre et près de 62 millions de morts avec la seconde guerre mondiale et les guerres coloniales, a expliqué M. Gadio.
Certes le continent africain ne représente que 1,6 % du commerce mondial et 2 % des investissements directs étrangers, mais l’Afrique a beaucoup de ressources minières encore sous son sol et dispose d’une population jeune, a-t-il poursuivi.
Les conflits armés, comme ceux du Darfour (au Soudan), de la Somalie ou de la République Démocratique du Congo sont, de l’avis de Cheikh Tidiane Gadio, « des soubresauts d’une époque qui se referme ».