Une enquête de l’État roumain prouve que des soldats en service actif ont œuvré  comme mercenaires en RDC


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Des soldats congolais
Des soldats de la RDC

Une enquête menée par le ministère roumain de la Défense a démontré que des centaines de soldats d’active et de réservistes ont œuvré comme mercenaires en RDC.

Lors de la guerre contre les rebelles du M23 dans l’Est de la RDC, la coalition gouvernementale comptait entre 1 500 et 2 000 mercenaires d’Europe de l’Est. Le recours à des mercenaires dans les conflits armés est interdit par les conventions des Nations Unies et de l’Union africaine. Le ministère roumain de la Défense a découvert que des centaines de soldats réservistes avaient signé des contrats avec des sociétés de sécurité privées intervenant en RDC après avoir été transférés dans la réserve.

Jusqu’à 466 soldats roumains transférés

L’enquête publique a également révélé que certains soldats d’active, en congé parental, avaient combattu comme mercenaires en RDC. Quelque 24 réservistes ayant travaillé pour des sociétés de sécurité privées au Congo ont rejoint l’armée en 2023-2024 et sont désormais affectés à diverses unités du ministère de la Défense, selon les rapports.

Près de 300 mercenaires européens, dont certains avaient combattu dans la Légion étrangère française, se sont rendus au M23 fin janvier après la prise de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, par les rebelles. Ils auraient bénéficié d’un passage par le Rwanda, avant de prendre l’avion pour leurs pays respectifs. Jusqu’à 466 soldats roumains transférés dans la réserve – pour cause d’âge limite, de démission ou de raisons médicales – ont participé à des activités liées à la sécurité au Congo.

De multiples dispositions légales enfreintes par les soldats

« De plus, sept militaires d’active ont été identifiés comme ayant travaillé « injustement » en RDC entre 2023 et début 2025 alors qu’ils bénéficiaient d’un congé parental légal pour leurs enfants jusqu’à deux ans », a rapporté la source. L’enquête a révélé que ces soldats avaient enfreint de multiples dispositions légales et réglementaires, notamment en quittant le pays sans autorisation et en se livrant à des activités extérieures à leurs fonctions militaires officielles. Sur les sept soldats, trois sont toujours en congé parental, tandis que les quatre autres ont réintégré leurs unités.

Le dossier d’un soldat a déjà été transmis au parquet militaire, et des poursuites judiciaires similaires seront engagées contre les six autres. Par ailleurs, des procédures disciplinaires et administratives auraient été engagées, en attendant la décision du procureur concernant d’éventuelles poursuites pénales.

Accès minimal aux informations classifiées

Le ministère roumain de la Défense a affirmé que la réintégration des 24 soldats impliqués dans des activités de mercenaires en RDC ne présente pas de « risques significatifs pour la sécurité nationale », car ils occupent des postes subalternes avec un accès minimal aux informations classifiées. Le ministre de la Défense, Angel Tîlvăr, aurait ordonné « un examen urgent des circonstances et des responsabilités ayant permis ces situations, ainsi que la mise en œuvre de mesures préventives plus strictes à l’avenir ».

Les mercenaires européens ont combattu aux côtés de l’armée congolaise, des soldats burundais, des forces de la SADC et de milices telles que les FDLR, impliquées dans le génocide des Tutsis de 1994, et des groupes locaux connus sous le nom de Wazalendo.

Le Rwanda critique la communauté internationale

Le gouvernement congolais a été critiqué pour avoir recruté des mercenaires en violation de la Convention internationale des Nations Unies de 1989 contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires et de la Convention de 1977 pour l’élimination du mercenariat de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), précurseur de l’Union africaine.

Le Rwanda, qui a exprimé ses inquiétudes en matière de sécurité face à l’intention de la coalition gouvernementale congolaise d’attaquer son territoire, a également critiqué la communauté internationale, et les pays européens en particulier, pour avoir ignoré l’utilisation de mercenaires dans le conflit de l’Est de la RDC.

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