Le gouvernement burundais et les Forces pour la défense de la démocratie, principal mouvement rebelle à majorité hutu, ont signé dimanche à Arusha un accord de paix historique prévoyant un partage du pouvoir et l’intégration des deux forces militaires. Les Forces nationales de libération, qui refusent toujours de négocier, se sont vues imposer un ultimatum de trois mois pour déposer les armes.
Lors de son accession au pouvoir, en avril 2003, le Président Domitien Ndayizeye [LIEN] s’était engagé à faire « avancer le processus de paix » et à mettre « en avant une politique rassurante pour tous les Burundais ». Cette mission est à demi remplie depuis la signature, dimanche, à Arusha (Tanzanie), d’un accord de paix avec les Forces pour la défense de la démocratie (FDD), le principal mouvement rebelle du pays (10 à 12 000 hommes), à majorité hutu.
L’accord prévoit un partage du pouvoir plus important entre les communautés hutu et tutsi et l’intégration des rebelles des FDD au sein de l’armée, actuellement aux mains de la minorité tutsi. Cette signature est l’aboutissement d’un intense ballet diplomatique mené par Domitien Ndayizeye et le chef des FDD, Pierre Nkurunziza, de Pretoria à Arusha. Le chef de l’Etat ougandais et président de l’initiative régionale pour le Burundi, Yoweri Museveni, le Président de l’Union africaine, Joaquim Chissano, ainsi que de nombreux autres chefs d’Etat, étaient présents ou se sont fait représenter pour patronner l’accord de paix historique.
Ultimatum aux FNL
La joie est néanmoins nuancée par le fait que l’autre mouvement rebelle hutu, les Forces nationales de libération (1 500 à 2 500 hommes), n’est pas concerné par l’accord. Les FNL ont toujours refusé de négocier avec le pouvoir politique, qui fait déjà l’objet d’un partage entre Hutus et Tutsis. Elles souhaitent uniquement discuter avec ce qu’elles considèrent comme la vraie force du pays : l’armée. Les FNL continuaient ainsi à se battre, dimanche, contre les forces gouvernementales dans la région de Bujumbura, la seule où le mouvement rebelle est présent.
Mais cette fois, Bujumbura et la communauté africaine sont décidés à profiter de la dynamique de paix pour amener les FNL à la table des négociations. Un ultimatum de trois mois a été fixé aux rebelles par les chefs d’Etat présents à Arusha pour « suspendre immédiatement les hostilités et les actes de violence, et participer à des négociations avec le gouvernement », rapporte l’AFP. « Après l’expiration de ce délai, et en cas de refus catégorique de rejoindre le processus de paix, le peuple burundais, l’Initiative régionale pour le Burundi et l’Union africaine (UA) le considèrera comme une organisation qui est contre la paix et la stabilité au Burundi et il sera traité comme tel », menacent-ils. « Pour moi, il n’y a pas de doute, les FNL retrouveront le chemin de la raison », a déclaré le chef de l’Etat burundais, optimiste. Le Pasteur Habimana, porte-parole du dernier grand mouvement rebelle, a réaffirmé la position des FNL : « Ce sont les Tutsis (l’armée, ndlr) qui nous ont tués, et c’est avec eux que nous devons négocier ».