Mactar Silla veut diffuser la Radiodiffusion Télévision sénégalaise (RTS), dont il est le directeur général, dans le monde entier. Il est convaincu qu’une chaîne panafricaine et généraliste a un public potentiel. Reste à mettre le projet en route.
En marge des premières journées » Images du Sud « , organisées par RFO (Réseau France Outre-mer) à Paris, Mactar Silla, directeur général de la Radiodiffusion Télévision sénégalaise (RTS), revient sur les développements de la RTS et le projet d’une » chaîne du Sud « .
Afrik : Quelles sont vos ambitions pour la télévision sénégalaise ?
Mactar Silla : Je veux amener la télévision sénégalaise dans tous les pays du monde. Cela répond à une nécessité, à des besoins identifiés et identifiables et aux exigences du XXIème siècle. Nous cherchons bien sûr à toucher notre public national, puis les autres Africains, les francophones et enfin tout simplement les quatre milliards d’homo sapiens de la planète, qui représentent un public potentiel. Il faut faire émerger une chaîne panafricaine regardée partout dans le monde.
Afrik : Comment vous y prenez-vous ?
Mactar Silla : La RTS est déjà sur le satellite, ce qui lui permet d’être accessible dans le reste de l’Afrique, en Europe et au Moyen-Orient. Je suis en train de changer les options technologiques pour utiliser à la fois l’analogique et le numérique. J’ai passé des conventions avec Africable, qui diffuse dans vingt-cinq pays africains et je cherche des partenaires dans tous les autres pays. Je veux faire une télévision de qualité et pour cela, j’y mets les moyens.
Afrik : Comment définirez-vous le paysage audiovisuel sénégalais ?
Mactar Silla : C’est un paysage en pleine mutation qui cherche ses marques. Il y a une réelle volonté politique de démocratiser les images et les contenus et de faire émerger des chaînes privées. C’est mon rôle, en tant que fer de lance de l’audiovisuel sénégalais, d’aider à l’émergence d’un secteur privé rentable et de faire naître les conditions d’une télévision de qualité, dotée d’une quantité suffisante de programmes. Nous devons nous servir de tous les moyens que la technique met à notre disposition pour développer la force de frappe de l’audiovisuel sénégalais.
Afrik : Que pensez-vous du débat sur la création d’une chaîne du Sud ou des Suds en France ?
Mactar Silla : Une chaîne de télévision du Sud se justifie pleinement. D’un point de vue démographique, avec les populations du Sud qui vivent en France et le fait que certains représentants des différentes communautés du Sud sont porteurs d’un message dynamique dans la musique ou le sport par exemple. D’un point de vue économique, car ces populations sont prêtes à payer pour accéder à des contenus qui leur sont spécifiques et les concernent. D’un point de vue technologique car il existe déjà des structures (comme RFO) et donc des synergies à développer. Selon moi, il faut aider à l’émergence d’une chaîne publique du Sud mais aussi de chaînes privées du Sud. Il y a par exemple un million de Yorubas en Europe et j’affirme qu’au moins 10% de ces gens seraient prêts à payer 150 FF par mois pour regarder une télévision de leur pays.
Afrik : Quels sont les décideurs qui pourront permettre cette émergence ?
Mactar Silla : Il faut qu’il y ait une volonté politique forte car c’est le politique qui gère l’espace audiovisuel. Si le politique s’implique, les choses s’enchaîneront d’elles-mêmes. La France a un grand rôle à jouer car si elle ne fait rien, quel pays pourra le faire ?