Les alliés de Kinshasa se sont réunis dimanche dans la capitale angolaise pour décider (seuls)du futur de l’ex-Zaïre. Un » mini-sommet » qui consacre la mainmise de l’Angola, du Zimbabwe et de la Namibie sur le nouveau pouvoir.
Ce n’est pas à Yaoundé, mais à Luanda, que s’est sans doute négocié le futur immédiat de l’après Kabila. La capitale angolaise a abrité un sommet des trois alliés soutenant militairement Kinshasa : le président angolais, José Eduardo Dos Santos et ses homologues zimbabwéen et namibien, Robert Mugabe et Sam Nujoma.
Une réunion qui s’est accompagnée d’une démonstration de force à Kinshasa, où les troupes alliées, majoritairement angolaises, ont quadrillé la capitale de l’ex-Zaïre durant les funérailles de Kabila, montrant qu’ils sont les maîtres du jeu de ce côté-ci de la ligne de front.
Si le Zimbabwe entretient le plus important contingent en République démocratique du Congo (RDC), nombre de diplomates estiment que l’Angola constitue le plus solide pilier du régime du nouvel homme fort, le colonel-major Joseph Kabila.
Empêtré dans une guerre sans merci face à l’Unita de Jonas Savimbi, le régime de Dos Santos entend prendre à revers ses adversaires sur leurs bases arrières de l’ex-Zaïre. Luanda suspecte fortement certains mouvements de rébellions soutenus par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda, d’être les alliés de Jonas Savimbi.
La prise de Kinshasa par les factions de l’Est couperait également l’Angola de sa province septentrionale, le Cabinda, riche en pétrole et en proie à une rébellion sécessionniste. Comme à Brazzaville, il y a de cela deux ans, le pays lusophone n’a pas hésité à faire parler la poudre pour conserver son hégémonie dans la région où le fleuve Congo se jette dans l’Océan.
Derrière la fermeté, la paix
Mais si les » parrains » de Kinshasa jouent encore des muscles en condamnant, dans leur communiqué conjoint, » le lâche assassinat de Laurent Désiré Kabila » et en maintenant leurs troupes en RDC, les buts de guerre laissent une large part à la » paix durable » dans la région.
Après deux ans et demi de guerre, ces déclarations sont bien plus qu’une simple posture de fin de sommet. Le Zimbabwe traverse une crise économique et politique que l’entretien d’un contingent de 12 000 hommes aggrave considérablement. Si les 10 000 soldats angolais présents en RDC sont déployés principalement pour couper l’Unita de ses bases arrières, l’armée gouvernementale en aurait néanmoins grand besoin pour venir à bout de cet irréductible adversaire.
Tous ces efforts militaires n’ont pas empêché les rébellions – aussi divisées soient-elles – d’occuper plus de la moitié du pays. Surtout, la mort de Kabila, dont l’intransigeance a compté pour beaucoup dans la dérive sanglante de la RDC, apparaît, même chez ceux qui le soutiennent, comme la fin d’un obstacle de taille à une sortie négociée de la crise. Les trois alliés, qui n’ont même pas pris la peine d’attendre la fin des obsèques du papa pour intégrer le nouveau chef de l’Etat dans ces discussions tripartites, affichent un contrôle absolu sur le fils Kabila et ses hommes. Mépris affiché également pour le président français qui n’a pu rassembler au sommet de Yaoundé les acteurs réels de cette guerre. Le message adressé à la communauté internationale et aux adversaires de la coalition est des plus clairs : la paix c’est nous. Et personne d’autre.