Des spécialistes canadiens, américains, français et allemands sont parvenus à trouver un vaccin qui a pu immuniser des singes contre les virus mortels d’Ebola et de Marburg. Cette avancée pourrait permettre d’étudier comment protéger les hommes de ces fièvres hémorragiques, voire d’autres virus.
La nouvelle a été publiée dimanche par Nature Medecine : des Canadiens, des Américains, des Français et des Allemands ont mis au point un vaccin « prometteur » contre Ebola et Marburg. Les recherches ont été menées sur des singes qui ont reçu une dose du vaccin, avant d’en recevoir une autre, massive, du virus d’Ebola ou de Marburg. Ces résultats pourraient déboucher, à long terme, sur le développement d’une version « humaine » du vaccin et sur de nouveaux moyens de protéger les hommes contre d’autres virus mortels.
L’équipe menée par le chercheur Steven Jones, de l’Agence canadienne de santé publique, a réalisé son expérience sur douze macaques. La première moitié a reçu un vaccin contre Ebola et la seconde contre Marburg. Dans les deux cas le procédé utilisé était une injection intra-musculaire. Vingt-huit jours plus tard, ils ont été inoculés avec la maladie contre laquelle ils ont été vaccinés. Verdict : aucun singe n’a contracté l’une ou l’autre fièvre hémorragique et les réactions indésirables ont été nulles.
Pas de vaccin pour l’homme avant plusieurs années
Ce n’est pas la première fois qu’un vaccin se révèle efficace chez les animaux. Mais celui-ci semble effectivement plus « prometteur ». « Le vecteur utilisé pour porter les éléments actifs du vaccin est le virus de la stomatite vésiculeuse, proche de la rage. Son avantage est qu’il permet d’avoir un vecteur normalement non pathogène pour l’homme et les primates, contrairement à l’adénovirus, avec lequel des tests ont déjà été faits », explique le Dr Hervé Zeller, directeur du centre national de référence des fièvres hémorragiques virales de l’Institut Pasteur, à Lyon (France).
Il explique le processus de mise au point du vaccin : « C’est le même qui a été utilisé lors des précédentes expériences, seul le vecteur change. Le code génétique du vecteur a été modifié, on y a inséré des informations génétiques d’Ebola ou de Marburg. Lorsque le vecteur se multiplie, il produit des protéines agissant contre Ebola ou Marburg, ce qui permet l’immunisation. »
A quand le vaccin pour l’Homme ? Les chercheurs préconisent la patience, avançant que les études pourraient durer plusieurs années. Il y a pourtant urgence. Les virus d’Ebola et de Marburg, qui se transmettent par les fluides corporels (sang, sueur, sperme…), sévissent sporadiquement, notamment en Afrique, faisant de nombreuses victimes. Au Nord du Congo, la Cuvette-Ouest est aux prises avec Ebola, qui, fin mai, avait causé la mort d’une dizaine de personnes. L’Angola peine de son côté à se débarrasser de Marburg, qui a fait quelque 350 victimes depuis le mois d’octobre, la plupart vivant dans le Nord du pays.