A travers son nouveau site internet, le Réseau de prévention des crises alimentaires souhaite fournir à ses membres toute l’information nécessaire à une prise de décision rapide, en situation d’urgence, en Afrique de l’Ouest. Hors crise, cette information rappelera constamment aux gouvernants la nécessité de vaincre l’insécurité alimentaire structurelle.
« Apporter des réponses circonstancielles aux crises alimentaires que subissent les pays du Sahel et d’Afrique de l’Ouest ne suffit pas. Il faut y penser tous les jours », explique Sibiri Jean Zoundi, le chef de l’unité transformation du monde rural et développement durable du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. « Non seulement nous ne devons plus être surpris de l’apparition d’une crise, mais nous ne devons pas plus l’être du fait que beaucoup de pays évoluent dans l’insécurité alimentaire structurelle. »
Pour aider les décideurs, les partenaires techniques et financiers des Etats et tous les acteurs de ce secteur dans leurs missions, le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) vient de lancer son site internet. Son but : réunir et mettre à disposition de ces derniers toutes les informations nécessaires à des prises de décisions rapides, en situation d’urgence, et à la mise en place de politiques efficaces contre l’insécurité alimentaire chronique.
De nombreux sites internet sont déjà consacrés à cette problématique, parfois même par des partenaires du RPCA. Mais « l’information qui existe ne couvre pas tout le Sahel et l’Afrique de l’Ouest, et elle n’intègre pas la triple dimension de la productivité, la disponibilité et l’accessibilité », explique Jean Zoundi. Ce qui n’empêchera pas le portail du RPCA de récupérer toutes les informations disponibles sur les sites de ses partenaires : le Cilss (Comité permanent inter-Etat de lutte contre la sécheresse), la FAO (Food & agriculture organization of the United Nations) ou encore le PAM (Programme alimentaire mondial).
« Montrer ce qui se passe quand il n’y a pas de crise »
Lorsqu’il a été créé en 1985, le Réseau avait déjà pour but d’apporter information et coordination aux membres donateurs du Club du Sahel, désarmés devant la crise agricole et alimentaire de 1983-1984. Depuis, de nombreux progrès ont été accomplis dans ce domaine. Mais en 2005, les acteurs de la lutte contre les crises alimentaires se sont de nouveau laissés surprendre lorsque la crise a éclaté au Niger.
« Il y a eu beaucoup de couacs dans l’apport d’une information consensuelle », avoue Jean Zoundi. La véhémence du PAM, qui a été parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme, en novembre 2004, et qui a qualifié la situation de « catastrophique » en juillet 2005, a provoqué de sérieuses prises de becs avec les autorités nigériennes. De son côté, le Cilss a fait savoir fin 2005 que son système d’alerte précoce a correctement fonctionné tout au long de la crise. La polémique était alors à son comble, le gouvernement nigérien avait déclaré la crise terminée alors que Médecins sans frontières (MSF) s’activait encore sur le terrain.
Pour que de telles mésaventures aient moins de chances de se reproduire, les chiffres fournis par le site de RPCA seront validés par tous les membres du réseau que sont le PAM, la FAO, le Cilss ou encore Fewsnet. « Mais le but du site n’est pas seulement de donner l’information pour gérer la crise. C’est également de montrer ce qui se passe quand il n’y a pas de crise : la prévention », explique Jean Zoundi. Il s’appuiera pour cela sur des « profils pays » qui permettront de comprendre pourquoi des crises persistent dans tel ou tel pays. Y apparaîtront par exemple « les politiques agricoles mises en place et les efforts d’investissement des autorités dans la sécurité alimentaire ». De quoi maintenir une pression constante.
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Droit image : Cilss