Un riz miracle met l’eau à la bouche


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Inventé pour aller au secours des paysans pauvres d’Afrique, le Nerica met l’eau à la bouche. Pour son goût, certes. Mais aussi ses perspectives commerciales.

Son nom évoque plus un groupe disco qu’une nouvelle variété de riz. Peu importe. Le  » New Rice for Africa  » (Nerica) est porteur d’espoir pour des millions de paysans africains qui cultivent la précieuse céréale dans les conditions difficiles de l’Afrique de l’Ouest.

En croisant des variétés asiatiques (Orisa Sativa) avec des souches indigènes (Orisa Glaberrima), les chercheurs de l’Association pour le Développement du Riz en Afrique de l’Ouest (ADRAO), et les experts du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ainsi que de l’Institut de Recherche et de Développement (IRD), ont donné naissance à une variété adaptée aux cultures non-inondées, qui constituent l’essentiel des exploitations ouest-africaines. Elle allierait les avantages du riz indigène, résistant aux maladies telles que la panachure jaune, à la productivité des espèces asiatiques. Avantages qui, selon un expert du PNUD, permettraient d’accroître les récoltes de 50% sans apports d’engrais et sans irrigation. Une révolution si l’on songe que le riz constitue la nourriture de base de toute l’Afrique de l’Ouest.

Idéal pour la sauce-graine

Autre atout du Nerica : son  » goût  » délicieux, proche du  » Glaberrima  » indigène que les populations ne cultivent guère plus que pour les fêtes. Peu prolifique, cette variété est très appréciée pour sa capacité d’absorption des sauces, du type de la cultissime  » sauce-graine « .

Du coup, selon le PNUD, cette nouvelle variété pourrait accroître de 25% les revenus des populations rurales. Depuis 40 ans, les chercheurs tentent de mettre à jour ce type de  » matériel  » par croisements et tris sélectifs. Mais les résultats obtenus donnaient des graines stériles.

Pour le directeur de recherche de l’IRD de Montpellier, Alain Ghesquiere, cette découverte n’est toutefois  » pas la révolution verte  » que l’on présente. « L’exploitation du Nerica doit encore laisser une grosse place à la recherche. Comment adapter une variété du Nerica en zone inondable comme à Madagascar, par exemple ? « .

Paysannes associées

L’autre originalité de ce riz tient à ce que les paysans et surtout les femmes, ont été associés aux diverses étapes de sélection qui lui ont permis de venir au monde. Une méthode qui tend à faire pièce aux recherches des années 70, trop coupées de leurs applications sociales.  » Il n’empêche. Dans cette période, la production a doublé en Asie du Sud-Est. Il faut qu’il y ait un meilleur encadrement de transmission du matériel, sinon c’est le patrimoine génétique de certaines variétés exploitables qui risque de disparaître demain », prévient le chercheur. Lequel (on l’aura compris) s’inquiète d’une trop  » grande place accordée à la transmission du matériel qui laisserait les recherches inachevées « .

La découverte du Nerica va de pair avec la création d’un consortium d’un montant de 15 millions de dollars, qui sera au coeur des débats d’un séminaire imminent, regroupant à Bouaké (Côte d’Ivoire) des partenaires japonais, la Banque mondiale, l’agence américaine pour le développement, la Fondation Rockefeller et la Banque africaine de développement. Quelle part du gâteau de riz du Nerica, ces financiers laisseront-ils aux scientifiques ? C’est désormais le nouvel enjeu de cette découverte.

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