Le directeur général adjoint de l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture (UNESCO), chargé des Sciences sociales et humaines, Dr. Pierre Sané a critiqué les multinationales pharmaceutiques qui effectuent des essais cliniques dans des pays en développement sans en informer correctement les volontaires sur les éventuels risques liés à de telles recherches.
M. Sané a fait remarquer que du fait de l’absence de normes éthiques dans les recherches scientifiques, ces firmes pharmaceutiques n’ont pas jugé nécessaire d’obtenir le consentement en connaissance de cause des volontaires qui participent à ces essais.
M.Sané faisait une intervention, vendredi, à l’Université publique d’Egerton au Kenya, près de la vile de Nakuru, à 170 km à l’ouest de Nairobi, où il devait inaugurer un centre de bioéthique.
Il a déploré le fait que des milliers de personnes en Afrique aient été convaincus, avec de l’argent et d’autres cadeaux, pour participer à des essais scientifiques sans au préalable bien comprendre les risques éventuels qu’ils encourent.
Le Centre bioéthique, dont on dit qu’il est le premier du genre à être créé dans un pays du tiers monde, vise à assurer la mise en place d’un cadre éthique destiné à protéger la société contre les avancées scientifiques et technologiques, a révélé le haut responsable de l’UNESCO.
Science sans conscience…
Le centre a également pour mandat de promouvoir la recherche en bioéthique, de créer une plate-forme de collaboration, de mise en réseau et de partage d’informations.
« La science sans éthique reste dangereuse, comme le prouvent ces essais, où les volontaires ne sont pas suffisamment informés,” a insisté Dr. Sane.
L’UNESCO, dit-il, était disposée à assurer le suivi et l’analyse de l’impact des innovations scientifiques et technologiques sur les droits humains, à travers le renforcement de ses actions sur l’éthique en matière de science et de technologie.
Le responsable de l’UNESCO, qui est au Kenya pour assister à la 14e session du Comité international sur la bioéthique à Nairobi, a également révélé que la rencontre allait aussi se pencher sur l’élaboration d’un projet de politique en matière d’éthique environnementale et sur le défi croissant des déchets toxiques en Afrique.
Le Kenya, a dit Dr. Sané, avait sollicité la création d’un centre de ressources en Afrique pour faciliter les échanges entre chercheurs, décideurs politiques, société civile et d’autres parties concernées sur les préoccupations d’ordre éthique, juridique, et social nées des avancées de la science.
Les défis de la bioéthique
Ainsi, a-t-il ajouté, l’Université Egerton, en collaboration avec l’Université de Haifa en Israël et la Commission nationale israélienne pour l’UNESCO, va organiser un programme de formation des formateurs du 9 au 13 juillet, avec des participants venus du Kenya.
Par ailleurs, le vice-chancelier James Tuitoek de l’Université Egerton, a émis l’espoir que beaucoup d’étudiants kenyans vont s’inscrire au centre régional bioéthique financé par l’UNESCO, d’autant plus que le Kenya connaît un manque criard de personnel dans cette discipline.
Selon M.Tuitoek, le gouvernement était en train de travailler avec l’UNESCO pour revoir les politiques, équiper les institutions de formation technique et explorer les autres domaines concernés, pour voir comment réduire la pauvreté et améliorer la qualité de vie des populations.
Il a noté que l’Afrique fait face à des défis liés à la bioéthique dans le domaine de la recherche et de la technologie, les tests génétiques, les organismes génétiquement modifiés, et le don d’organes humains.
M. Tuitoek a insisté sur l’utilité de la Bioéthique pour permettre au continent de comprendre les impacts de ces activités scientifiques sur les êtres humains, la biodiversité et l’environnement.
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