Le projet Sustainable Nutrition Research for Africa in the Years to come (recherche sur la nutrition durable pour l’Afrique durant les années à venir), ou Sunray, a été mis en œuvre par un groupe rassemblant des établissements universitaires internationaux et une organisation non gouvernementale (ONG) soutenue par l’Union européenne (UE). Il a pour objectif d’élaborer un programme de nutrition pour l’Afrique, et plus particulièrement pour les 34 pays de l’Afrique subsaharienne.
« Nous voulons nous assurer que les interventions en faveur de la nutrition dans les 10 à 15 prochaines années – pendant lesquelles l’Afrique sera potentiellement confrontée à des changements environnementaux qui auront un impact sur la nutrition – seront durables, alimentées par les réflexions des pays africains et que leurs priorités ne seront pas préalablement définies par les donateurs », a indiqué Carl Lachat, un chercheur de l’Institut de médecine tropicale basé en Belgique et qui participe au projet.
Selon une récente étude de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), un groupe de réflexion basé aux États-Unis, l’impact du changement climatique sur la production alimentaire pourrait provoquer une augmentation de la malnutrition infantile de 20 pour cent au cours des vingt prochaines années.
Le projet SUNRAY, d’une durée de deux ans, invite les chercheurs africains à proposer des documents de travail examinant, entre autres, le lien entre la nutrition et le changement climatique ; l’influence de la hausse des prix des denrées alimentaires ; la disponibilité future des ressources en eau ; la dynamique sociale des ménages ; et l’impact de l’urbanisation rapide afin d’identifier les besoins de recherche spécifiques liés à la nutrition dans ces domaines.
Recherche en Afrique
Les propositions de documents de travail seront évaluées par les universitaires de quatre établissements d’Afrique subsaharienne : l’université North-West, en Afrique du Sud ; l’université Sokoine, en Tanzanie ; l’université d’Abomey-Calavi, au Bénin ; et l’université de Makerere, en Ouganda.
« En comparaison avec les autres pays africains, l’Afrique du Sud est plus avancée, mais nos recherches sont davantage influencées par les concepts occidentaux. Si vous souhaitez vous penchez sur des recherches africaines sur la nutrition locale, le Nigeria et le Kenya sont bien plus avancés », a indiqué Annamarie Kruger, enseignante et directrice du Centre africain de recherche transdisciplinaire en santé publique (Africa Unit for Transdisciplinary Health Research) de l’université North-West.
Selon M. Lachat, le fait que l’UE soutienne le projet implique que les pays riches demandent aux pays africains de définir les priorités pour la recherche et le financement de la nutrition.
Les propositions étaient acceptées jusqu’au 22 avril : leurs auteurs participeront à une série d’ateliers dont le premier se déroulera à la fin de l’année 2011.
Avant la tenue de ces ateliers, les institutions qui participent au projet ont l’intention d’organiser des débats avec des nutritionnistes, des chercheurs, des entrepreneurs du secteur de l’alimentation et des décideurs de sept pays africains : le Bénin, le Mozambique, le Rwanda, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, le Togo et la Tanzanie.
M. Lachat a indiqué que les participants ont compris qu’un soutien politique était nécessaire pour garantir que les recherches soient appliquées et ne restent pas de simples théories. « Nous encourageons donc les dirigeants politiques africains à participer à l’initiative ».
Le projet permettra d’élaborer une feuille de route résumant les priorités en termes de recherche, les forces et les insuffisances, les besoins en termes de ressources, les possibilités de collaboration entre les établissements d’Afrique et du Nord et les synergies entre les initiatives existantes et la recherche dans d’autres domaines.
Seuls neuf des 46 pays de l’Afrique subsaharienne sont en passe d’atteindre l’objectif du Millénaire pour le développement des Nations Unies dont le but est de réduire l’extrême pauvreté et la faim d’ici 2015.