Abdallah El Ouali Lakhfaouni, prisonnier politique sahraoui et membre du groupe Gdeim Izik, a entamé une grève de la faim de 48 heures. Détenu arbitrairement depuis plus de dix ans, Lakhfaouni proteste contre les abus des autorités marocaines, notamment la privation de soins médicaux essentiels.
Selon la Ligue pour la protection des prisonniers politiques sahraouis, Lakhfaouni a exigé des explications sur l’annulation de son transfert à l’hôpital pour des examens médicaux nécessaires, tels que prescrits dans son dossier médical du 25 février 2023. Depuis cette date, aucune mesure n’a été prise pour lui fournir les soins requis, une situation aggravée par le manque d’autorité des médecins de la prison pour approuver son transfert. Cette négligence médicale intentionnelle est perçue par la famille de Lakhfaouni comme une forme de maltraitance délibérée.
En novembre 2023, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a exhorté le Maroc à libérer immédiatement les prisonniers politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik et à leur accorder une indemnisation conformément au droit international. Human Rights Watch et Amnesty International ont également dénoncé les procédures judiciaires inéquitables ainsi que les tortures subies par les membres de ce groupe, incarcérés depuis 2010.
Contexte historique et politique
Le 8 novembre 2010, les forces de l’ordre marocaines ont démantelé le campement de Gdeim Izik, installé par environ 6 500 Sahraouis près d’El Ayoun. Les violents affrontements qui s’ensuivirent ont causé la mort de plusieurs membres des forces de sécurité et de trois civils. Accusés de violences meurtrières, 25 militants sahraouis ont été jugés sur la base d’aveux extorqués sous la torture, selon plusieurs rapports.
En 2013, un tribunal militaire a condamné 23 de ces accusés à de longues peines de prison, décision annulée en 2016 par la Cour de cassation en raison de preuves insuffisantes. Cependant, en 2017, la cour d’appel de Rabat a confirmé les condamnations, malgré les allégations de torture non investiguées conformément aux normes internationales.
Des conditions de détention inhumaines
Les 19 prisonniers restants du groupe Gdeim Izik, dispersés dans six prisons marocaines éloignées de leurs familles, ont mené plusieurs grèves de la faim pour dénoncer les mauvais traitements, le manque de soins médicaux et l’isolement abusif. Ces conditions de détention violent les règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus, qui recommandent un placement près du domicile familial.
Malgré les appels répétés des organisations internationales, la Cour de cassation du Maroc a confirmé en novembre 2020 la condamnation des prisonniers de Gdeim Izik, éliminant toute possibilité de recours juridique au niveau national. Les avocats des détenus ont soumis une plainte au Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire en juillet 2022, mais la décision reste en suspens.
Le Sahara occidental : Un territoire contesté
Depuis 1975, le Sahara occidental est de facto contrôlé par le Maroc, qui en revendique la souveraineté malgré les résolutions de l’ONU et les demandes de référendum d’autodétermination. Les autorités marocaines répriment systématiquement les mouvements en faveur de l’autodétermination, entravant le travail des organisations de défense des droits humains et persécutant les militants sahraouis. Le Front Polisario, mouvement politique armé, représente, pour sa part, les indépendantistes du Sahara occidental.
La grève de la faim d’Abdallah El Ouali Lakhfaouni met en lumière la persistance des abus et des injustices subis par les prisonniers politiques sahraouis et renforce les appels internationaux à une résolution équitable et respectueuse des droits humains pour le Sahara occidental.