Quentin, 9 ans, a été menacé à l’arme blanche et a failli être brûlé par des enfants de son âge. Christophe et Christiane Mertz, ses parents adoptifs, et sa soeur Clara sont la cible d’agressions racistes dans leur petit village de Breitenbach, en Alsace. Comme en 2004, des croix gammées souillent les murs de leur jolie maison bleue.
Le petit village français de Breitenbach, en Alsace, est, depuis quelques semaines, le théâtre d’attaques racistes. La famille de Christophe et de Christiane Mertz ne connaît plus de répit. Il y a un mois, leur fils Quentin d’origine congolaise, 9 ans, est pris à parti par cinq gamins âgés de 10 à 14 ans dans une rue du village, alors qu’il joue avec trois de ses camarades de classe. L’un d’eux le menace d’un couteau et d’autres tentent ensuite de brûler ses vêtements. Trois de ses agresseurs sont aussi des camarades de classe. Dans la nuit de jeudi à vendredi, ce sont aux murs bleus du domicile familial qu’on s’est pris en y inscrivant des croix gammées et le mot « nègres ». Malheureusement, ce n’est pas la première fois que les Mertz font l’objet d’attaques racistes. En 2004, leurs murs sont tagués, déjà, de croix gammées et de propos haineux puis leur boîte-aux-lettres est envahie de courriers anonymes. « Les faits, certes, semblent indépendants, constate Christophe Mertz, mais on ne peut s’empêcher de faire un lien entre eux ». Des plaintes concernant les deux derniers incidents ont été déposées et l’affaire suit son cours.
Coupable d’être une famille qui compte des noirs en son sein ?
Que leur reproche-t-on ? D’avoir accueilli dans leur foyer des petits « noirs », semble-t-il. Christophe et Christiane Mertz adoptent le petit Quentin en 1999. Les voisins accueillent alors un « pauvre petit africain » et n’hésitent pas à faire des dons de friandises au point d’en exaspérer les parents. « C’était comme une mascotte », se souvient M. Mertz. L’adoption de Clara, un autre enfant congolais, en 2001, va définitivement modifier la donne. « C’est à vous ? », interroge-t-on, désormais, à propos de la petite fille âgée aujourd’hui de 6 ans. « Vous comptez encore en ramener beaucoup ? » : c’est l’autre question qui fuse souvent de la bouche d’une bonne partie de ceux qui avaient si chaleureusement accueilli le rejeton Mertz.
« Quentin est très affecté, mais il ne montre pas ses sentiments. Il peut s’avérer exubérant à propos de tout et de rien, mais il évite de parler de ce qui le préoccupe », nous a confié son père, Christophe. L’enfant s’accusait déjà, il y a deux ans, d’être responsable de la situation dont sa famille était victime. « Il doit se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère », avance son père. Clara, pour sa part, « montre à qui passe par là ce qu’on a écrit sur les murs ». D’après, M. Mertz, les enfants n’osent plus jouer dans le village de peur de se faire agresser. Les parents des assaillants n’ont pas essayé de nouer le dialogue avec ceux de Quentin. Parmi eux, des mamans qui avaient invectivé le couple Mertz en 2004, les accusant d’être venus troubler la quiétude du village en portant alors plainte. Christophe Mertz aurait été prêt à retirer sa nouvelle plainte concernant l’attaque de Quentin « moyennant une franche discussion ». Mais aujourd’hui, « il en est hors de question ! » Car sa famille, et plus particulièrement ses enfants, sont obligés de subir au quotidien la tension qui règne dans le village alsacien.