La République de Centrafrique a confirmé le 8 juillet dernier sa volonté de s’engager dans le Processus Kimberley. Un système de certification des diamants qui vise à mettre fin à la vente des diamants dits de la guerre. Lancé le 1er janvier 2003, de nombreuses insuffisances viennent ternir l’efficacité de l’initiative.
« La République Centrafricaine s’est engagée dans le processus de Kimberley. Elle est tenue de le respecter à travers une gestion saine de la filière diamantaire, en luttant contre la fraude minière et les violations de la réglementation », a déclaré le Président autoproclamé, François Bozizé, à l’ouverture des états généraux du secteur minier centrafricain, le 8 juillet dernier. Depuis son coup d’Etat (15 mars 2003), l’homme fort de Bangui s’attache à assainir tous les secteurs essentiels de l’économie de son pays. Le seul apport de cette adhésion sera de redorer l’image ternie de l’industrie du diamant centrafricaine sur le plan international. Car pour son redressement, le Président Bozizé devra se débrouiller seul.
Le Processus de Kimberley est un système de certification des diamants échangés dans le monde qui vise à mettre fin au commerce des diamants dits de la guerre. La part de ces diamants dans le marché mondial ne représenterait pas plus de 2%. 51 Etats et une organisation sous régionale, l’Union européenne, y prennent part. L’industrie du diamant, principale intéressée, ainsi que la société civile, sont également parties prenantes du système.
Couper les fonds aux mouvements rebelles
C’est vers la fin des années 1990 que la communauté internationale s’est décidée à agir face au commerce illégal de diamants bruts qui alimente les rebellions africaines. Un « mini Kimberley » avait été imposé à l’Angola dès 1998. Le Conseil de sécurité des Nations Unies avait alors imposé des conditions strictes à l’importation à ce pays en guerre et grand producteur de diamants ( 5,17 millions de carats en 2001). Des mesures qui seront appliquées l’année suivante à la Sierra Leone, puis au Liberia. Ce dernier pays servant de lieu de transit pour les diamants illicites provenant de Sierra Leone, notamment.
Ce n’est qu’en 2000 que le vrai Processus est lancé par des pays d’Afrique Australe. La Communauté internationale fait fortement pression sur la sous-région pour préserver des pays dont l’économie dépend fortement de l’industrie du diamant – Namibie, 1,53 million de carats en 2001, Afrique du Sud, 11,17 millions de carats et Botswana, 25,16 millions de carats. Les pays participant au Processus de Kimberley s’engagent à échanger les diamants dans des « contenants inviolables », accompagnés d’un certificat validé par leur gouvernement. En outre, l’importation de diamants bruts de pays n’adhérant pas au Processus est interdite. Seul hic, le contrôle de ces mesures est laissé au soin des pays membres.
Déficit de crédit
Dans ce sens, l’adhésion de la Centrafrique au Processus de Kimberley ne lui assurera en rien un système de certification efficace. Conscient de cela, le Président Bozizé en a appelé à la Communauté internationale pour « aider la République Centrafricaine à définir et à mettre en forme un nouveau cadre stratégique du secteur minier ». Lors de la première réunion plénière du Processus Kimberley, le 29 avril dernier, les participants ont décidé l’envoi en Centrafrique d’une mission chargée d’évaluer le système de contrôle du pays. Des précautions encore bien insuffisantes pour Bangui qui produit officiellement 500 000 carats tous les ans, mais dont le double parvient annuellement sur la place d’Anvers.
Au cours de cette même réunion, Amnesty international ainsi que d’autres Organisations non gouvernementales, adhérents au Processus, ont mis en avant « la nécessité d’une surveillance régulière et indépendante de tous les participants » afin d’assurer la crédibilité du système. Une question dont la discussion a été repoussée à la prochaine réunion plénière, en octobre 2003.
Pour en savoir plus : Le site du Processus Kimberley