Cinq bombes ont explosé lundi dans la capitale éthiopienne, faisant un mort et 15 blessés, selon la police fédérale du pays. Ces explosions n’ont pas été revendiquées, mais des suspicions pèsent sur l’Erythrée et les groupes rebelles de l’opposition.
Par Vitraulle Mboungou
Cinq attentats anonymes ont fait un mort et 15 blessés lundi à Addis Abeba. Une bombe a explosé dans un mini-bus vers 9 heures du matin. Une personne est morte et trois autres ont été blessées, dont quatre grièvement. Une autre explosion avait également eu lieu une demi-heure plus tôt dans l’abattoir principal de la capitale, appartenant au gouvernement. Elle n’a pas fait de victime. Dans l’après-midi, deux autres bombes ont explosé. Une à proximité d’un restaurant du quartier de Mexico dans l’ouest de la capitale, faisant sept blessés selon la police, et 14 dont un grave selon des employés du restaurant. L’autre dans le quartier résidentiel de Teklehaimanot. Une dernière explosion, la cinquième de la journée, a été signalée dans l’est d’Addis Abeba.
Toutes les victimes de ces explosions étaient éthiopiennes, selon le porte-parole de la police fédérale, le commandant Demsach Hailu. « Ces explosions qui ont causé des dégâts humains et matériels visent à troubler la vie paisible des citoyens », a-t-il précisé. Elles sont « une tentative délibérée visant à empêcher le public de vaquer à ses occupations quotidiennes, et elles visaient des cibles civiles et des propriétés privées », a-t-il ajouté. La police a immédiatement ouvert une enquête. Elle appelle le public à garder son calme et à informer les autorités de toute information susceptible de les aider.
Suspicion à l’égard de l’opposition et de l’Erythrée
Même si aucune de ces explosions n’a été revendiquée, les soupçons semblent se porter aujourd’hui sur les groupes rebelles indépendantistes que les autorités accusent d’être soutenus par l’Erythrée voisine. « Le souhait du gouvernement érythréen est de voir une Ethiopie divisée, ou du moins largement affaiblie », a déclaré, ce mardi matin, le Premier ministre Meles Zenawi. L’Erythrée a immédiatement démenti toute implication dans ces événements : « Nous démentons cette accusation. C’est une affirmation schizophrène provenant d’un esprit instable », a rétorqué le ministre érythréen de l’Information, Ali Abdou. « L’Erythrée a une obligation morale de soutenir le peuple éthiopien pour qu’il se débarrasse de ce régime minoritaire, mais nous démentons tout soutien militaire aux groupes d’opposition », a-t-il précisé.
Ce n’est pas la première fois que des explosions frappent ainsi la capitale éthiopienne. Le 7 mars dernier, trois autres bombes avaient déjà explosé à Addis Abeba, faisant au moins quatre blessés. Le 12 mars, la police fédérale accusait, sans le prouver, l’Erythrée d’avoir fourni les explosifs utilisés et aidé ainsi le Parti de l’opposition, le Front de libération oromo (OLF), devenu mouvement armé. La tension est vive dans la capitale éthiopienne depuis les élections présidentielles de mai 2005, remportées officiellement par le pouvoir sortant, mais contestées par l’opposition qui accuse le gouvernement de fraudes. Ainsi en juin et novembre 2005, des heurts entre la police et des éléments de l’opposition avaient fait quelque 84 morts. L’Ethiopie et l’Erythrée s’opposent depuis des années à propos du tracé de leur frontière commune. Un différent qui a mené à une guerre frontalière de 1998 à 2000. Ce quintuple attentat intervient donc dans un double regain de tensions et pourrait mettre en péril un équilibre précaire dans le pays et la région. Tout dépendra de la gestion de l’enquête en cours.