Un mois pour quitter le Sénégal. Hissène Habré, l’ancien dictateur tchadien, est prié de plier bagages. Les dictateurs ont la vie dure. Se retrouver sans toit et sans papiers ne doit pas être facile quand on dirigeait les destinées d’un pays.
Après les fastes du pouvoir, l’errance. Et surtout la honte d’être refoulé de toute part. Car gageons qu’aucun pays africain ne se bousculerait pour accueillir l’ancien homme fort du Tchad. L’Afrique des Droits de l’Homme en est à ses premiers balbutiements mais a le mérite d’exister. C’est un message clair pour les dictateurs encore au pouvoir. L’Afrique change et ceux qui ne l’ont pas compris, l’apprendront à leurs dépens. Les coups d’Etat, aussi spectaculaires qu’éphémères, ont vécu. Place à un Continent respectueux des droits de l’Homme. La décision du président sénégalais, Abdoulaye Wade, d’expulser son hôte indélicat s’inscrit dans cette démarche. Il n’y a plus de place pour des tyrans folkloriques, absurdes car sourds aux changements.
Il reste aux pays africains le devoir d’adhérer aux principes du Tribunal pénal international. Juger avant de pardonner, de tourner la page. L’Afrique a un devoir de mémoire. Pour panser les plaies de Bokassa, Mobutu et autres. Pour réconcilier les Africains avec leur Histoire. Et surtout pour lancer un message aux apprentis potentats, tentés de revenir ou de prendre le pouvoir par la force, qu’au bout de leurs aventures, ils seront attendus par la justice. L’Amérique du Sud jugera Pinochet, l’Europe et l’Afrique Milosevic et Habré. Et ce n’est qu’un début. On y croit fermement.