De nombreuses conférences, projections et débats sont organisés du 7 avril au 13 mai par les différents groupes locaux de l’association Survie, afin de pointer du doigt l’absence de « rupture » dans la façon qu’a le président Nicolas Sarkozy de conduire les relations franco-africaines, entre copinage avec des « dictateurs » et soutien aux « pilleurs » du continent. Lancement officiel ce jeudi.
L’association Survie, qui milite pour «l’assainissement des relations franco-africaines», remet ça. Après l’organisation d’une « Quinzaine contre la Françafrique », en novembre 2005 (en même temps que le sommet Afrique-France à Bamako), et d’un premier « Mois contre la Françafrique » en février 2007 (parallèlement au sommet des chefs d’Etat d’Afrique et de France), l’association fondée en 1984 par François-Xavier Vershave a décrété un « Moi(s) contre la Françafrique », du 7 avril au 13 mai 2008. Référence au 7 avril 1994, début du génocide au Rwanda, et au 13 mai 1958 qui marque le retour au pouvoir du général de Gaulle… et le coup d’envoi de cinquante ans d’une « République françafricaine » née au lendemain des indépendances.
Conférences, projections, débats, tables de presse, concerts, manifestations et interpellations des élus… Un mois durant, les 23 groupes locaux de Survie (1600 adhérents) seront mobilisés afin de sensibiliser le grand public aux derniers avatars de la Françafrique. La campagne s’articule notamment autour de quatre sujets forts : l’engagement militaire de la France au Tchad, les « biens (immobiliers) mal acquis des dictateurs » en France, la complicité de la France dans le génocide rwandais, et le « pillage » de l’uranium par la multinationale française Areva au Niger. Un intervenant nigérien, Moussa Tchangari, secrétaire général de l’association Alternative Espace Citoyen et figure de la société civile nigérienne, sillonnera la France pour donner des conférences sur la situation politico-économique de son pays. Au niveau politique, Survie continuera de défendre la proposition de députés PC, Verts et divers gauche, visant à créer à l’Assemblée nationale une commission d’enquête sur l’implication de la France au Tchad.
Françafrique et Mafiafrique, même combat
Survie compte mettre le doigt sur l’écart entre les promesses du candidat Sarkozy et les actes du président. Loin d’observer une « rupture » dans la conduite des relations franco-africaines, Alexis Chareyron, chargé des activités militantes à Survie France, dénonce au contraire une « Françafrique décomplexée », faite d’un « soutien indéfectible aux dictateurs Bozizé, Bongo ou Déby, et à des grands groupes comme Total ou Bolloré » accusés d’exploiter le continent africain. La récente éviction du secrétaire d’Etat à la Coopération Jean-Marie Bockel, qui avait osé déclarer vouloir signer l’acte de décès de la Françafrique, est peut-être le couronnement de cette politique qui s’assume.
« La Françafrique se poursuit, mais il y a aussi une Mafiafrique qui se développe en marge des Etats », explique Alexis Chareyron à Afrik.com. « C’est un système plus opaque, fait de mercenariat privé et de multinationales qui mènent leur propres actions, indépendamment de l’Etat français mais avec son soutien. »
Une cinquantaine d’événements marqueront ce « Moi(s) contre la Françafrique », qui a débuté lundi mais dont le coup d’envoi à Paris a lieu ce jeudi soir à l’université Tolbiac (centre PMF).