Le comptage de la population du Togo est en cours d’exécution. L’opération est conduite par le RPT, financée par les bailleurs de fonds dont L’Union européenne. La Diaspora, près d’un millions et demi d’âmes, en est écartée.
Le dernier recensement au Togo date de 1981. En dehors de l’importance capitale qu’il revêt pour la mise à jour d’un fichier démographique fiable, il est aussi l’occasion, pour la diaspora togolaise, de jauger les intentions réelles du pouvoir à son égard, de mesurer le degré de considération que les autorités accordent aux filles et fils du pays établis à l’étranger.
Ce groupe de citoyens communément appelés “diaspora togolaise” fait malheureusement les frais de la nature narcissique et frauduleuse du parti présidentiel, un parti qui ne peut décidément rien COMPTER sans traficoter, sans provoquer des contentieux inutiles qui divisent. Gouvernance du double standard et intérêt mafieux obligent, le RPT a du mal à rassembler. Il exclut à tout bout de champ ceux qui ceux qui regardent dans une direction contraire à la sienne. C’est le plus court chemin pour lui d’éliminer les témoins gênants. La vaste majorité des Togolais vivant à l’extérieur sont des réfugiés politiques ayant fui les violences militaires à partir des années 90.
Fâcheuse et injuste exclusion
Comme si cette diaspora ne faisait pas partie de la population togolaise, elle n’est pas mise en ligne de compte, et ne sera pas recensée. L’un des effets visibles de cette infraction délibérée du pouvoir, c’est sa persistance, pour des desseins inavoués mais bien connus, à maintenir toute la population de la diaspora, des opposants potentiels, à une bonne distance des affaires électorales et du droit de vote. Et pourtant, cette population nombreuse que d’aucuns désignent, non sans raison, “la sixième région du Togo” injecte, chaque année, des centaines de millions de dollars dans l’économie togolaise
Selon des recherches effectuées par le groupe think-tank “Afrology” du Dr Yves Ekoué Amaizo, plus de 284 millions de $US ont été transférés en 2008, et près de 310 millions pour les projections de 2009/2010. En réalité, c’est l’augmentation de deux facteurs qui conduisent à ce phénomène. La pauvreté augmente et la Diaspora doit assurer une partie des frais de santé et de consommation courante et même l’éducation de préférence au niveau de sa propre famille. Donc, cet argent est rarement investi dans des activités productives directes. Mais le système de mal gouvernance au Togo et d’absence d’opportunités de création d’emplois et d’obtention d’un salaire décent ont conduit plusieurs à quitter le territoire national et parfois à ne pas pouvoir y revenir pour utiliser leurs compétences
Au sujet de l’actuel opération de recensement,le site officiel, Republicoftogo écrit : “Les données récoltées vont permettre de connaître le nombre exact d’habitants. Des éléments d’information précieux pour le gouvernement qui pourra ainsi mieux adapter ses programmes de développement en faveur de l’éducation, de la santé et des infrastructures. Le recensement sera également utile pour l’organisation des futures élections… Une partie de la logistique et du financement est assurée par les bailleurs de fonds dont l’Union Européenne (UE), le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et la Chine”….
Le Conseil Mondial de la Diaspora Togolaise (CMDT) s’indigne
On déduit que la diaspora,n’ayant donc pas été recensée, restera comme depuis toujours privée du droit de vote sous ce régime.Inacceptable: s’est indigné le Conseil Mondial de la Diaspora Togolaise lors d’une réunion organisée dimanche à Lille et consacrée à la question. Le président du CMDT, Docteur Martin Amouzou compte saisir,dans les prochains jours,tant le pouvoir togolais que les bailleurs de fonds du Togo dont l’UE, afin d’exiger que l’injustice soit réparée.
Beaucoup d’autres africains établis à l’extérieur sont impliqués par les dirigeants de leurs pays dans les processus électoraux et votent.On s’aperçoit que les bruits que le pouvoir de Lomé propage, incidieusement, de temps à autre, faisant état de l’intérêt “particulier” qu’il porte à la diaspora ne sont que mensonges et canulars. Autrement, avec les avantages sans borne qu’offre la nouvelle technologie, les ambassades du Togo auraient pu servir à quelquechose si la volonté de dénombrer, à toute fin utile, les Togolais vivant à l’étranger était clairement exprimée et traduit dans la réalité par le RPT.
Le recensement de la population est peut-être une opération essentiellement administrative. Mais elle prend forcément, dans la situation du Togo, une dimension éminemment politique et aurait du être, par souci de recnciliation, placé dans une configuration où les échéances électorales futures ont une part considérable. Il doit, à ce titre, bénéficier d’un consensus impliquant tous les citoyens, où qu’ils se trouvent. Mais pour ça aussi, le statut quo reste la règle. L’histoire du Togo n’est pas avare de paradoxe : l’Opposition est absente du processus. Naturellement, le petit parti de Gilchrist Olympio y est associé; mais l’UFC n’a pas cru devoir attirer l’attention de ses partenaires du RPT sur les dangers que comporte un recensement incomplet, faussé ou entaché d’exclusion. Le RPT et l’UFC ont par contre discuté du type de régime qu’il faut au Togo, comme s’ils étaient mandatés d’une quelconque mission constituante : Selon un curieux communiqué rendu public en fin de semaine dernière, le comité dit avoir opté pour “un régime présidentiel tempéré qui donne prérogative au président de la république de nommer librement le premier ministre et de mettre fin à ses fonctions”.
“Régime présidentiel tempéré”: le terme n’est trouvable nulle part, raillent beaucoup de Togolais.
“Devant le gigantisme de cette bêtise qui arrive d’ailleurs comme un cheveux sur la soupe, affirment certains, “mieux vaut en rire tout court que d’enrager, pour ne pas succomber à une hémorragie cérébrale”.