Le ministère de l’Intérieur du Kenya a annoncé qu’un incendie d’envergure avait détruit plus de 120 000 hectares dans le comté d’Isiolo, situé dans le centre du pays. Le feu a débuté vendredi dernier dans cette région rurale, et bien que les autorités affirment qu’il soit partiellement contenu, des foyers résiduels continuent de brûler. Cette catastrophe écologique frappe particulièrement les communautés locales, notamment les éleveurs, qui voient leurs ressources de pâturage anéanties. Le bilan humain et économique pourrait se révéler encore plus lourd à mesure que les dégâts se précisent.
Un spectacle de désolation
Le comté d’Isiolo, une zone autrefois riche en végétation, présente aujourd’hui une image de désolation. Plus de 120 000 hectares de terre ont été engloutis par les flammes, avec des pâturages et des terres agricoles entièrement détruits. Selon le ministère de l’Intérieur, les efforts des autorités, des gardes forestiers, de la Croix-Rouge et des communautés locales pour maîtriser l’incendie sont constants. Cependant, la situation reste préoccupante à cause des vents violents qui compliquent les tâches des équipes de secours.
Les conséquences de cet incendie sont particulièrement sévères pour les éleveurs, qui dépendent des pâturages pour nourrir leur bétail. Mohamed Konso, chef du Conseil des anciens de Borana, une réserve du comté d’Isiolo, a déploré la perte irréparable des terres nourricières. Selon lui, ces pâturages auraient pu nourrir le bétail de la région pour les deux prochaines années. En outre, l’incendie touche également la faune locale et les écosystèmes fragiles de cette région aride, dont la résilience face aux changements climatiques est déjà mise à rude épreuve.
Accusations de lenteur dans la réaction des autorités
Plusieurs organisations locales et internationales ont critiqué le manque de réactivité des autorités kényanes face à l’ampleur de l’incendie. Selon l’IRDA (International Rural Development Agency), une organisation de petits agriculteurs, l’incendie aurait pu être maîtrisé plus tôt si des actions préventives avaient été prises. L’IRDA a exprimé son mécontentement sur les réseaux sociaux. Il a affirmé que les autorités avaient laissé le feu se propager avant d’agir de manière décisive.
Selon des experts, ces incendies ne sont qu’une partie d’un problème plus vaste. L’Alliance pour le développement durable (ADS) a averti que ces feux contribuent à la dégradation de l’environnement, ce qui complique encore davantage la gestion durable des terres. Selon un programme de surveillance de la déforestation appelé Atlai, le Kenya a perdu 285 000 hectares de forêt au cours des 20 dernières années, en raison de l’urbanisation, de l’exploitation forestière illégale et de l’agriculture intensive.
Impact environnemental et socio-économique
Le Kenya, comme beaucoup d’autres en Afrique de l’Est, fait face à une pression croissante sur ses ressources naturelles, exacerbée par les effets du changement climatique. La sécheresse, les vagues de chaleur et l’augmentation de la fréquence des incendies en sont des manifestations évidentes. Ces catastrophes ne font qu’aggraver une situation déjà critique pour les communautés locales qui dépendent de la terre et de l’agriculture pour leur subsistance. L’impact économique de ces incendies est également important, notamment dans des régions comme Isiolo, où l’élevage constitue une importante source de revenus pour les populations.
Les incendies de grande ampleur et la déforestation sont des phénomènes de plus en plus fréquents dans de nombreuses régions du continent. En 2022, un incendie similaire a ravagé des hectares de forêt au Nigeria. La catastrophe a causé des destructions massives dans des zones rurales et menacé la biodiversité locale. Au Mozambique, un incendie a détruit plus de 100 000 hectares de forêts en 2021, entraînant des conséquences dramatiques pour les populations dépendantes des ressources naturelles pour leur vie quotidienne.