L’imam jamaïcain Sheik al- Faisal a été forcé lundi de quitter le Kenya, où il est accusé d’incitation à la haine raciale. Il avait été arrêté jeudi dernier après une prière à la mosquée de Mombasa où il tenait des propos racistes contre les Juifs, les Hindouistes et les Occidentaux. Les autorités kényanes craignent que ses discours encouragent le radicalisme dans un pays qui a déjà été la cible d’attaques d’al-Qaïda, dont la plus spectaculaire a été celle contre l’ambassade américaine en 1998. Déjà expulsé de Grande Bretagne pour son implication dans des activités terroristes, Sheik al-Faisal défraye maintenant la chronique au Kenya.
Alors que la lutte contre le terrorisme islamique domine l’actualité, les autorités kényanes ont décidé lundi d’expulser Sheik Abdullah al-Faisal. Il aurait inspiré le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, accusé de l’attentat manqué du vol 253 de la compagnie Northwest Airlines le jour de Noël.
Dans la nuit de lundi à mardi, l’Imam jamaïcain a quitté le Kenya et fait route pour la Tanzanie. Il avait été arrêté jeudi dans la ville côtière de Mombasa. Les autorités kenyanes lui reprochent d’avoir violé les conditions de son visa touristique en prêchant dans les mosquées. Dans une de ses prières, il a appelé les fidèles à tuer les Juifs, les Hindous et les Occidentaux.
Selon le Ministre de l’Immigration du Kenya, Otieno Kajwang, l’ecclésiastique est avant tout expulsé à cause de son «passé terroriste». «Nous ne l’expulsons pas parce qu’il est musulman, mais à cause de son passé terroriste», a-t-il expliqué à Nation, quotidien du Kenya. Le ministre a aussi affirmé que Sheik al-Faisal était inscrit dans une liste internationale de terroristes estimés dangereux et qu’il ne voulait pas d’immigrants indésirables dans son pays, rapporte New York Times.
Un passé terroriste
Rien ne semblait le prédestiner à une carrière terroriste. Ses parents, officiers de l’Armée du Salut, l’avaient baptisé Trevor William Forest lors de sa naissance à Saint James, en Jamaïque, en 1963. Ils l’ont élevé dans la religion chrétienne. Mais à l’âge de 16 ans, le jeune homme est parti en Arabie Saoudite et est devenu musulman après l’obtention d’un diplôme d’Etudes Islamiques dans la capitale du pays, Riyadh.
Son engagement religieux prend de l’ampleur quand il s’installe en Angleterre dans les années 1990. Il devient un imam radical de la mosquée de Brixton au Sud de Londres et parcourt le pays en prêchant la haine raciale. C’est en 2003 qu’il est reconnu coupable d’avoir encouragé des disciples à utiliser des armes chimiques et nucléaires contre des « ennemis de l’Islam ». Il a fréquenté Richard C. Reid qui a prêché avec lui en Grande Bretagne. Ce dernier est connu pour avoir cherché à faire sauter un avion de ligne se dirigeant vers les Etats-Unis juste avant Noël 2001. A cause de ses propos menaçants, Abdullah al-Faisal a passé quatre ans en prison au Royaume- Uni alors qu’il n’avait que 43 ans.
Expulsé de l’Angleterre vers la Jamaïque en 2007, les conditions de son arrivée en Afrique ne sont pas claires. Les autorités de son pays natal soulignent qu’il n’y avait pas de casier judiciaire, raison pour laquelle elles n’auraient pas entravé son départ vers l’Afrique. C’est au Kenya qu’il s’est installé pour prêcher de nouveau.
L’expulsion de Sheik Abdullah al-Faisal ne s’est pas faite sans peine, aucun pays étranger ne souhaitant le recevoir ni même lui accorder un visa de transit. Sa destination finale serait la Jamaïque. Mais cette éviction avive des rancœurs dans une partie de la population kényane.
Les leaders musulmans accusent les autorités de leur pays de répondre aux pressions de Washington.
Selon eux, les Américains soupçonneraient abusivement tous les imams d’être liés à Al-Qaïda.