Un professeur de mathématiques qui enseigne dans un lycée d’Epinal, en France, a été condamné mardi à un mois de prison avec sursis et 1500 euros d’amende pour des propos racistes tenus à l’encontre d’un adolescent de 17 ans, originaire d’Angola. Le lycée lui a infligé un blâme.
« Ah voilà Bamboula », « Ne prends pas ma règle tu vas la salir » ou encore « Chouaib, souris la nuit, sinon je vais t’écraser » ; voilà le type d’insultes que Chouaib, adolescent de 17 ans originaire d’Angola, a supporté en classe, d’octobre 2006 à février dernier, de la part de son professeur de mathématiques. L’enseignant de 52 ans, jugé ce mardi 20 août par le tribunal correctionnel d’Epinal, ne s’est pas présenté à l’audience « à cause d’un état de stress consécutif aux accusations portées à (son) encontre», a-t-il expliqué dans une lettre adressée au président du tribunal.
Il a été condamné à un mois de prison avec sursis et à verser 1500 euros de dommages et intérêts à la famille de la victime. Il devra également payer 300 euros au Mrap (Mouvement contre le racisme et l’amitié entre les peuples) et à la Ldh ( Ligue des droits de l’Homme), qui s’étaient portés partie civile. « Une peine importante », selon l’avocat de l’adolescent, Me Gérard Welzer, qui parle d’une « symbolique forte ».
« Sanctionné d’un blâme » par le lycée
N’osant pas se plaindre, « pour ne pas faire d’histoires », a-t-il déclaré durant l’audience, Chouaib ne répondait rien aux « Retourne dans ton pays manger des bananes » ou autre « Tu es noir, tu voles ». Ce sont quatre élèves de la classe de seconde technique qui ont dénoncé le professeur à la direction du lycée.
Face à la police, l’enseignant admet avoir tenu « des propos indignes » et avoir prononcé le mot « bamboula », mais continue de nier les autres insultes. « Mon client est un peu bourru avec un franc parler qui n’est pas admissible, ce n’est pas quelqu’un de raciste », a plaidé Me Stéphane Jiurana, avocat du professeur.
« J’ai tenu des propos indignes de la part d’un professeur, je l’ai traité de Bamboula parce que son comportement jovial en cours me faisait penser à un fêtard », a-t-il tenté de s’expliquer. Me Jiurana a précisé que son client s’était « excusé à de nombreuses reprises » et avait déjà « été sanctionné d’un blâme par l’autorité administrative ».
Un tiers des jeunes scolarisés percevrait des discriminations
Selon une enquête du Mrap sur la perception du niveau de racisme et de discriminations dans le milieu éducatif, réalisée en 2005, « il existe un vrai problème de perception d’un racisme « passif » ou latent de la part des enseignants, essentiellement sous la forme « d’attitudes de mépris ou de rejet » par plus du tiers de la population scolarisée ».
Un jeune sur trois scolarisés percevrait donc ce type de discriminations « souvent ou quelquefois » venant de la part des enseignants. « Il s’agit clairement du premier degré de discrimination, celle qui s’exprime passivement, et pour cette raison, plus difficile à combattre », révèle l’enquête.
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